Paris : hommage aux 656 morts dans la rue de 2023

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Paris : hommage aux 656 morts dans la rue de 2023

Quelque 300 personnes se sont réunies aux Arènes de Lutèce, à Paris, ce 19 mars, à l’appel du collectif Les Morts de la Rue, pour rendre hommage aux personnes SFD décédées l’année passée.

La douceur d’un soleil déjà printanier et les cris de joie innocente venant d’une école à proximité tranchaient avec l’atmosphère de la cérémonie, alourdie par la honte collective : celle de la faillite de notre société à loger sa population.

“En France, être sans chez-soi peut tuer, massivement, précocément”.

Cette cérémonie s’est voulue d’une haute portée symbolique, afin d’entretenir le souvenir des victimes de l’exclusion la plus exacerbée de la société.

Le sol de l’arène de Lutèce et la bâche qui constituait un mémorial éphémère étaient tapissés des noms de morts de la rue depuis la constitution du collectif.

Après un bref discours introductif, les élus, représentants d’institutions, d’associations et survivants de la rue ont procédé à l’appel aux morts de 2024, déjà nombreux. Beaucoup d’autres n’ont pas été identifiés.

L’hommage a également été l’occasion de marteler un slogan frappant, qui appelle à la réaction : “En France, être sans chez soi peut tuer, massivement, précocément”.

Un faire-part symbolique 

Un petit livret noir, sobre et solennel, y a été distribué par le Collectif des morts de la rue, dans le but de faire prendre conscience des conditions épouvantables dans lesquels les morts de la rue finissent leurs jours.

Ces mortes et morts avaient en moyenne 48 ans, et représentaient toutes les classes d’âge. Elles sont mortes de froid, d’asphyxie, de noyade ou de suicide. Elles ont été retrouvées dans la rue, dans une tente, un hébergement d’urgence ou de fortune.

Si les causes et les lieux de décès sont bien plus diverses, le point commun reste la prématurité, causée par le fléau de l’exclusion et de l’accumulation de conditions de vie inadmissibles : restriction de l’accès au soin, à la vie sociale, aux droits civiques, aux activités favorisant l’épanouissement personnel…

Les morts de la rue avaient aussi des proches : ce faire-part sert ainsi à informer les proches, amis ou membres de la famille, parfois tenus au courant plusieurs années après la mort.

Vers la trêve olympique 

Alors que la trêve hivernale s’apprête à prendre fin, le faire-part distribué par le Collectif des morts de la rue est également l’occasion de faire prendre conscience qu’on meurt de la rue toute l’année.

Il est donc plus que nécessaire de se prémunir contre la grande exclusion, en luttant notamment contre les expulsions. C’est l’objet de la proposition du sénateur communiste Ian Brossat qui demande à ce que soit appliquée une trêve olympique.

Face aux cris d’alarme, il est plus que temps de créer les conditions pour qu’enfin, nous ne laissions plus mourir par centaines des êtres humains dont le seul tort est d’avoir vu la société leur tourner le dos et détourner le regard.

Aujourd’hui, en France, la 7ᵉ puissance mondiale, il reste plus de 300 000 personnes sans abris.


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