Il y a cent ans, le ministre des affaires étrangères britannique Arthur Balfour rédigea une courte missive engageant le Royaume-Uni à favoriser l’installation de juifs en Palestine. Connu sous le nom de “Déclaration de Balfour”, ce texte est considéré comme l’acte fondateur de la création de l’état israélien.
Un texte court volontairement flou
La déclaration est contenue dans une lettre adressée à Lord Lionel Walter Rothschild, banquier et aristocrate financier de l’embryonnaire mouvement sioniste.
« Le Gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un Foyer national pour le peuple juif et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte soit aux droits civils et religieux des communautés non juives existant en Palestine, soit aux droits et au statut politiques dont les Juifs disposent dans tout autre pays. »
Le texte court est volontairement flou. Le terme “foyer national” n’a aucune signification en droit international. La Palestine, ne correspond à aucune région clairement délimité à cette époque. C’est alors une morceau de l’empire Ottoman contre lequel le Royaume Uni est en guerre.
Ce qui est certain c’est qu’aucune mention de droits politiques n’est faite pour les communautés non juives de Palestine qui sont alors majoritaires.
La déclaration de Balfour résultante des politiques impérialistes
Dès 1915, alors que depuis un an, la première guerre mondiale sévit dans plusieurs endroits du globe, les français et les britanniques entament des discussions pour se partager les restes de l’empire ottoman.
Les accords dits “Sykes-Picot” qui en sortiront méprisent les droits de tous les peuples. Dans des logiques purements impérialistes, des traits sont tracés sur des cartes pour définir les zones d’influences des deux grandes puissances.
Difficile encore aujourd’hui de savoir pourquoi le ministre des affaires étrangères britanniques a fait cette déclaration. Celle-ci viole clairement l’accord que les britanniques avaient conclu avec des leaders arabes, de créer un état arabe, pour que ces derniers se révoltent contre les ottomans.
Le plus surprenant c’est que cette déclaration intervient plus d’un mois avant la conquête de Jérusalem par les britanniques.
La déclaration de Balfour : un texte fondateur, célébré en Israël, contesté en Palestine
Dès 1918, la date anniversaire de la déclaration fait l’objet de célébration à Jérusalem par le mouvement sioniste. La déclaration sera reconnu par la France en 1918 et prendra corps lors du découpage de la région par les vainqueurs en 1919 et 1920.
Aujourd’hui la déclaration continue d’être un objet de débat. Des palestiniens ont ainsi récemment demandé au gouvernement britannique de s’excuser. L’artiste Bansky s’est d’ailleurs empressé de saisir la demande pour réaliser une pièce de théâtre dans laquelle il met en scène l’excuse de la reine d’Angleterre.
Le gouvernement britannique a lieu tenu à répondre qu’il ne voyait aucune raison de s’excuser pour cette déclaration et affirmé être fier d’avoir contribué à la naissance de l’état israélien. Il a toutefois reconnu que la déclaration aurait dû affirmer les droits politiques des palestiniens.
Plusieurs manifestations ont lieu aujourd’hui en Cisjordanie, à Jérusalem Est et à Gaza pour dénoncer “une erreur historique” ou encore estimer que “l’héritage de Balfour, c’est l’apartheid”.