Mardi 28 aout, Nicolas Hulot annonce sa démission du ministère de la transition écologique et solidaire, en direct de la matinale de France Inter dans la surprise générale. Au-delà des déclarations de la majorité présidentielle saluant l’action de ce ministère, quel réel bilan tirer des 15 mois de Nicolas Hulot au gouvernement ?
La caution écologiste du gouvernement a finalement décidé de claquer la porte après un peu plus d’un an à occuper la fonction de ministre de l’écologie. Son mandat de ministre a été celui d’une suite de renoncement de divers engagements gouvernementaux sur des enjeux cruciaux. Enjeux qui se retrouvaient dans le programme de campagne d’Emmanuel Macron. Le président alors en campagne disait vouloir faire de la France le fer de lance du combat écologique.
Le président Macron déclarait qu’aucun gouvernement n’avait autant fait pour l’environnement en quinze mois. En réalité, cette démission illustre le désengagement total d’un gouvernement qui ne s’est pas préoccupé de l’écologie.
« Avons-nous commencé à réduire nos émissions de gaz à effet de serre ? Non. Avons-nous commencé à réduire l’utilisation des pesticides ? Non. Ou à enrayer l’érosion de la biodiversité ? Non »
Nicolas Hulot sur France Inter, le mardi 28 août.
Plusieurs projets de loi, plusieurs renoncements.
En juillet 2017, Nicolas Hulot présentait donc un « plan climat » pour répondre aux exigences des baisses d’émissions de CO2 notamment dans le but d’atteindre les objectifs fixés par l’accord de Paris. L’accord de Paris sur le climat, déjà peu contraignant, devait engager la France sur le chemin de la réduction des émissions de CO2.
Mais les décisions concrètes tirées de ce plan sont totalement à rebours de l’action dans laquelle le ministre disait s’engager, notamment avec un renoncement important sur la question de l’huile de palme dans les carburants que ce plan visait à interdire. Le gouvernement a fini par délivrer à Total l’autorisation d’exploiter l’huile de palme dans la production de carburant en mai dernier. L’impact négatif de l’huile de palme sur le climat est trois fois plus important que le diesel, d’après l’ONG Transport et Environnement.
Projet de loi Agriculture et Alimentation.
Le ministre démissionnaire n’aura pas non plus réussi à traduire les exigences de l’urgence écologique dans le projet de loi Agriculture et Alimentation, où le débat sera principalement mené par Stéphane Travers, ministre de l’agriculture afin de ne pas brusquer la FNSEA.
Si le texte inscrit une interdiction plus large de pesticides, il n’y aura pas de programme de sortie de pesticides envisagé, notamment en ce qui concerne l’usage du glyphosate dont l’interdiction sera finalement annulée.
L’adoption du CETA
Fustigé par de nombreuses ONG pour les dangers environnementaux qu’il représente, le traité commercial Europe-Canada est entré en vigueur fin 2017. Nicolas Hulot alors qu’il n’était pas ministre alertait lui-même sur les dangers du traité, mais il n’a rien fait pour empêcher sa signature en tant que ministre.
Transition énergétique
Aucune décision n’a été prise concernant la Programmation pluriannuelle de l’énergie, qui définit jusqu’en 2023 la politique énergétique de la France et notamment les contours d’un éventuel plan de transition énergétique.
En revanche, l’absence d’un plan clair n’aura pas empêché le gouvernement de vendre les barrages hydrauliques. Nicolas Hulot aura été le ministre qui aura accompagné leur privatisation. Ces barrages constituent 12% de la production électrique et 70% de la part du renouvelable. C’est également l’électricité la moins coûteuse. Où se situent alors les engagements gouvernementaux pour une transition écologique, lorsqu’un secteur crucial de la transition énergétique est vendu au privé ?
La seule maigre avancée est celle sur l’interdiction de production d’hydrocarbures en France. Cependant, les extractions de gaz et pétrole ne recouvrant que seulement 1% de la consommation nationale font de cette décision rien d’autre qu’un symbole du manque de volonté politique du gouvernement à mener une politique concrète de diminution de rejets de gaz à effet de serre.
Manque de volonté qui s’illustre également dans la faiblesse du plan de rénovation énergétique des habitations, pour lequel les aides à sa mise en place ont été réduites de moitié.
L’enjeu écologique absent de l’agenda libéral du gouvernement
A la vue de ce bilan médiocre de Nicolas Hulot en tant que ministre pour la transition écologique, on ne peut que pointer son manque de lucidité. Il aura en effet attendu 15 mois, jalonnés de ces nombreux renoncements pour se rendre compte finalement qu’il ne servait que de caution médiatique à un gouvernement bien loin des préoccupations écologiques.
Dès lors, une seule conclusion s’impose : l’enjeu de la préservation de l’écosystème ne rentre pas en ligne de compte dans un monde capitaliste, au contraire, l’écologie constitue un frein à la logique de profit. La volonté de baisse de la dépense publique, souvent déterminante dans ces abandons de promesses de campagne ne pourra jamais rentrer en compatibilité avec une politique de transition énergétique.
Seule une rupture avec la politique d’austérité et la doctrine libérale permettra une réelle prise en compte et un investissement à long terme que nécessite une politique de planification écologique.