Depuis quelques années maintenant, la transition énergétique est au cœur du combat contre le réchauffement climatique. Cela passe entre autres par une électrification massive des divers secteurs d’activités et notamment des transports.
Cette mutation rapide engendre un important besoin de lithium pour la production de batteries lithium-ion. C’est dans ce cadre que l’industriel Imerys a lancé, en 2015, des études d’exploitation d’un gisement de lithium, à Échassières, dans l’Allier.
Un projet de grande ampleur
Le site sur lequel se trouve le gisement de lithium reflète le riche passé minier de la France et de l’Allier. Dans le bassin de Beauvoir, à Échassières, on estime les premières traces d’exploitation à la période gallo-romaine avec l’extraction superficielle d’étain.
Mais c’est au 19ᵉ siècle (1848) que le site prend une réelle importance avec l’exploitation massive de kaolin, qui est un matériau essentiel à la fabrication de la porcelaine. À partir du début des années 1910, des gisements de wolframite (minerai de tungstène) sont découverts dans la zone et exploités jusqu’en 1962. La mine est alors souterraine, mais également à ciel ouvert.
À partir de 2015, l’industriel Imerys obtient un permis de recherche pour évaluer l’importance d’un gisement de lithium potentiellement majeur dans la zone. C’est à ce moment que le projet EMILI (Exploitation de Mica Lithinifère) est créé par Imerys.
Les objectifs de cette exploitation minière, qui doit commencer en 2028, sont divers. Tout d’abord, elle doit permettre à la France et à l’Europe d’être souveraines dans le secteur du stockage énergétique et de ne plus dépendre de pays comme le Chili (1ᵉʳ exportateur mondial), l’Australie, ou encore l’Argentine et la Chine.
L’objectif, à terme, est d’équiper 700 000 voitures par an en batteries made in France. C’est environ 116 millions de tonnes de minerai qui seront extraites pour la production de 716 000 tonnes d’hydroxyde de lithium, utilisables dans l’industrie.
Une production nationale nécessaire…
L’ouverture de cette mine est confrontée à des réticences légitimes. Pourtant, le besoin de produire du lithium national va se faire de plus en plus pressant pour de multiples raisons.
La demande en lithium de l’industrie automobile ne va faire que croitre dans les années à venir du fait de l’électrification massive du secteur. De plus, l’importation en grande quantité de lithium implique des émissions de CO2 et l’extraction fait porter le poids des pollutions engendrées sur des pays qui n’ont pas forcément les moyens de lutter contre ces dernières.
Une production nationale doit également permettre d’éviter de faire venir du lithium de pays où les conditions de travail sont encore très éloignées des normes acceptables. La transition énergétique implique une électrification massive inévitable, ce qui implique que la France ait les moyens de son autonomie sur la question du lithium.
…mais sous conditions
L’exploitation de lithium dans l’Allier ne peut toutefois se faire que dans le strict respect d’un certain nombre de conditions. Des études ont été menées sur les sols de la région. Elles ont montré que les exploitations précédentes ont engendré une pollution importante des sols, à l’arsenic et au plomb, avec des taux qui dépassent jusqu’à dix fois les seuils fixés par la Haute autorité de santé.
La nouvelle exploitation fait craindre une augmentation des concentrations en métaux lourds dans les sols ainsi que la contamination des nappes phréatiques, via les futurs forages et galeries. Or, Imerys ne prend que très peu en considération ces sources de pollution dans son dernier rapport publié en 2023, même si l’entreprise dit tenir compte de ces contraintes.
Même si les besoins en lithium sont réels, on ne peut pas prendre le sujet des potentielles pollutions à la légère. L’exploitation doit faire l’objet de contrôles fréquents, stricts, indépendants et contraignants pour l’exploitant, de manière à éviter toute catastrophe environnementale et humaine. Ces contrôles sont à mener dans un esprit de transparence et de démocratie indispensable.
La présence de ressources minières importantes sur notre territoire et le besoin de souveraineté sur les matières premières minérales ne doivent pas nous faire oublier que la lutte contre le réchauffement climatique passe également par une transformation de nos modes de production, ainsi que par un meilleur recyclage de tous les matériaux non renouvelables et polluants.