Michel Barnier a laissé entendre qu’il pourrait revenir sur des baisses d’impôts, voire en augmenter certains.
Le président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, déclare sur France 2 qu’« on ne peut pas ne rien faire sur les impôts ».
François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, assure qu’il faut regarder du côté des hausses d’impôts. « La France n’a plus les moyens de ces baisses d’impôts non financées », octroyées ces dernières années.
Un vrai problème d’endettement
Avant le débat sur le budget de la France, tous s’inquiètent de l’endettement de la France, estimé à 110 % de la richesse produite chaque année dans notre pays (PIB).
Il est vrai que l’endettement du pays fait peser sur les finances publiques un coût de la dette considérable.
L’État paie actuellement 50 milliards d’euros d’intérêts de la dette, soit un peu moins que le budget de l’Éducation nationale. Autant de milliards qui ne peuvent pas être dépensés ailleurs, dans les services publics, la réindustrialisation ou la transition écologique.
La dette publique étant détenue aux trois quarts par les marchés financiers, elle exerce aussi une pression politique pour faire correspondre les choix du pays aux attentes de ses créanciers qui doivent continuer de croire en notre capacité à les rembourser.
Baisse de dépenses ou hausses d’impôts ?
Le débat public semble se concentrer autour de deux questions : les économies budgétaires et les hausses d’impôts. À notre sens, ce débat est trop limité.
Rappelons d’abord la doctrine de Macron depuis au moins 2017 : « On baisse les recettes fiscales en réduisant les impôts pour les riches et les entreprises. Mais, ne vous en faites pas, ça va relancer la croissance de l’économie, et donc engendrer plus de recettes fiscales ».
50 milliards de baisses d’impôts en tout genre (impôts sur les sociétés, impôt sur la fortune, sur les revenus du capital, suppression de la taxe d’habitation, etc.) n’y sont pas pour rien dans l’accroissement de la dette.
C’est sans compter chaque année les 80 milliards d’euros d’exonération de cotisations sociales pour les entreprises, notamment sur les salaires proches du SMIC.
À l’heure d’un déficit public à 5,5 % et d’un creusement sans fin de la dette et du poids de ses intérêts, la droite et l’extrême droite parlent maintenant de coupes budgétaires alors que la croissance est en berne.
Hausses d’impôts : faut-il s’en réjouir ?
Le Premier ministre Barnier n’a pas précisé quels impôts il comptait augmenter.
S’il pense à la « justice fiscale », il peut s’agir d’impôts sur les hauts revenus, sur la fortune, sur les profits records, etc. Ou au moins, revenir sur certains cadeaux fiscaux faits par Macron aux plus riches. Tant mieux, mais.
Sans croissance, on risque d’avoir l’austérité budgétaire plus les hausses d’impôts pour les ménages (par exemple via la TVA). Le problème majeur reste la production de richesses.
Autrement dit, le problème n’est pas seulement le taux d’imposition, mais l’assiette qu’on impose.
Là-dessus, force est de constater que la réindustrialisation de Macron, à coup de baisses d’impôt, de libéralisation de l’économie et d’affaiblissement du droit du travail, a échoué.
Seule une relance productive, planifiée, avec des objectifs sociaux, définanciarisée, inscrite dans la transition écologique, appuyée par la recherche publique et des têtes de filières publiques dans les secteurs stratégiques, permettrait à l’État de retrouver à terme des marges de manœuvre budgétaire.
Si les hausses d’impôts aident à ça, alors elles seront utiles. Mais si c’est pour continuer la même politique libérale, elles ne pourront qu’atténuer l’austérité budgétaire en préparation.