Michel Barnier : tout sauf le travail

publié le dans
Michel Barnier : tout sauf le travail

Réforme du RSA, négociations syndicats/patronats sur l’assurance-chômage ; ces deux sujets sont révélateurs de la volonté du gouvernement de tout faire pour ne surtout pas parler de la création d’emploi, de la hausse des salaires, de la dignité au travail. L’éléphant est au milieu du couloir, et Barnier cherche sous les meubles.

Réforme du RSA d’abord, c’est peut-être l’éléphant le plus gros. La réforme doit entrer en vigueur au 1ᵉʳ janvier 2025, malgré les très contestées 15h d’activité hebdomadaire que vont devoir fournir les bénéficiaires de l’allocation de 647€. S’il y a des choses à faire, s’il y a du travail, créons de l’emploi ! N’allons pas faire du chantage à la survie aux femmes et aux hommes en situation de précarité. 

Vient la question de l’assurance-chômage. La commande du gouvernement aux syndicats et au patronat est claire : discutez, discutez, discutez, mais économisez 400 millions d’euros. Certes, rien à voir avec les 3,6 milliards que Gabriel Attal avait prévu d’économiser sur le dos des privés d’emploi, mais 400 millions tout de même ! Au-delà du chiffre, c’est la logique comptable qui inquiète. Il faudrait faire des économies, mais sans inciter ni imposer aux entreprises des créations d’emploi. Difficile équation à résoudre. Pourtant, en réindustrialisant (en commençant par arrêter de regarder les industries partir), en planifiant les besoins dans les services publics et les secteurs stratégiques, en formant des jeunes, nous pourrions répondre aux besoins du pays, et réduire le chômage par la même occasion. Avec de l’ambition sur le travail, la question de l’assurance-chômage est vite réglée. 

De la même manière, quid du scandale de l’apprentissage où l’Etat est prêt à dépenser 25 milliards d’euros pour aider les entreprises à embaucher des apprentis plutôt que de créer des emplois stables ? Encore une histoire d’éléphant et de couloir.  

Pourtant, ce gouvernement n’est pas aveugle ! S’il ne voit pas, c’est qu’il refuse de voir. En même temps, celles et ceux qui ont toujours eu le même logiciel ne vont pas changer maintenant, même si tout indique qu’il faut le faire. Ils n’ont jamais voulu s’attaquer au capital, ils n’ont jamais voulu avoir une autre boussole que le profit, ils n’ont jamais eu de réelles volontés politique pour créer une société où le travail émancipera. Et ce n’est probablement pas à 73 ans que Michel Barnier changera d’avis. 


Édition hebdomadaire

Mêmes rubriques