C’est avec effarement que les ouvriers calaisiens de l’usine Meccano ont appris à la fin février la fermeture envisagée de leur site à l’horizon d’octobre 2023, qui engendrerait 51 licenciements.
Meccano est une marque phare, à plusieurs égards. D’abord celle d’un constructeur de jouets entrés dans la conscience collective pour de nombreuses générations. Celle d’une réussite industrielle, construite depuis l’Angleterre au XIXe siècle et rapidement liée à la France. Enfin, c’est celle d’un tissu industriel et ouvrier des côtes du nord, de celles du Calaisis, héritage d’un territoire fait de dockers, du travail de la dentelle et de la chimie.
La lutte pour une reprise
Après moult restructurations et rachats durant les 50 dernières années, c’est le groupe canadien SPIN MASTER qui s’en fait propriétaire en 2013. Une anomalie pour ce groupe qui ne porte aucun projet industriel, mais qui est davantage enclin à collectionner des marques diverses et variées pour les faire fluctuer sur son propre réseau commercial.
Si cette annonce a surpris les salariés — mais aussi les élus locaux — c’est que des négociations de la part du groupe canadien auraient été menées en catimini depuis près de 15 mois pour trouver un repreneur. Négociation compliquée d’avance, puisque le groupe semble ne pas vouloir céder la marque MECCANO et, en somme, n’a pas pour intérêt d’installer un concurrent direct à Calais.
Pour autant, depuis le 21 février, des lignes bougent. La sénatrice communiste du Pas-de-Calais, Cathy Apourceau-Poly, a interpellé le ministre de l’Industrie à plusieurs reprises sur l’avenir du site.
Le gouvernement se targue d’impulser la relocalisation de nos filières, il doit prendre à bras le corps le dossier Meccano. Lui qui vante son expertise et ses prétendues avancées en la matière ferait bon de contraindre SPIN MASTER à céder la marque au profit d’un candidat repreneur français, qui aurait pour volonté de relocaliser sa production.
D’autant qu’avec la réforme des retraites qu’il tente d’imposer par tous les moyens, plus d’un tiers des salariés licenciés se retrouveraient dans des situations tout à fait délicates, ayant passé la barre des 55 ans.
Les salariés sont inquiets, mais montrent d’ores et déjà leur volonté de trouver une solution viable pour sauver l’emploi et ce site industriel historique auquel tout un territoire est attaché.