Depuis trop longtemps, Mayotte subit les conséquences d’une politique aveugle, menée par des gouvernements successifs qui n’ont eu de cesse d’ignorer les réalités locales. L’opération “Wuambushu”, déployée sous prétexte de rétablir l’ordre, n’a fait qu’aggraver la situation : expulsions massives, violences et criminalisation des populations les plus précaires. Ce n’est pas ainsi qu’on répond aux besoins d’un territoire meurtri par les inégalités.
À Mayotte, 80% de la population vit sous le seuil de pauvreté, et 30% des habitations sont insalubres. Ces chiffres, accablants, ne reflètent pas seulement une crise locale : ils témoignent de l’abandon systémique de ce département par l’État. Or, la réponse sous le mandat d’Emmanuel Macron, loin d’être à la hauteur, s’est limitée à une réponse sécuritaire et à la stigmatisation des Comoriens.
Les déclarations de Bruno Retailleau sont indignes, il instrumentalise une crise humanitaire dramatique pour avancer sur son agenda réactionnaire sur l’immigration. Il est absurde de parler d’immigration à Mayotte : les Comores sont un seul et même peuple, divisé par un découpage colonial en 1971. La France porte une responsabilité historique dans cette séparation, qui a laissé Mayotte isolée et en proie aux fractures sociales. Plutôt que de dresser des murs ou d’organiser des expulsions, nous devrions reconnaître cette unité culturelle et historique pour œuvrer à une véritable coopération régionale. Mayotte n’a pas besoin d’être enfermée dans un discours sécuritaire, mais de solutions qui renforcent les liens entre les îles comoriennes.
Mayotte a besoin d’une politique de solidarité et de justice sociale. Au-delà des réponses urgentes à apporter, il faut proposer des solutions de long terme. Cela passe par un plan massif d’investissements publics : construction de logements décents, développement des infrastructures, renforcement des services publics et création d’emplois. C’est aussi en instaurant une coopération régionale respectueuse que nous pourrons poser les bases d’un avenir commun.
Il est temps que la République tienne enfin ses promesses à Mayotte. Ce n’est pas une périphérie oubliée : c’est une partie intégrante de notre combat pour la justice sociale.