Macron fossoyeur de l’université publique et gratuite

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Macron fossoyeur de l’université publique et gratuite

Les prises de paroles de Macron en tant que chef d’État ne trompent pas. Il dévoile peu à peu les grandes lignes de son programme. Sur l’Enseignement supérieur, il a laissé entendre ses projets lors du discours de clôture du congrès de France Université. Les perspectives sont sombres. Le président sortant a très clairement laissé entendre qu’il envisageait une augmentation très importante du coût de la scolarité post-bac.

Actuellement les études supérieures en France ne sont pas gratuites. CVEC, droits d’inscription, équipements informatiques, coût de la vie. La crise sanitaire a mis en lumière la précarité d’un grand nombre d’étudiant.e.s. Qui vivent dans des conditions difficiles et dépendent de petits boulots pour joindre les deux bouts. Mettant en péril leur réussite à l’Université. Répondre à cette situation par une augmentation des frais d’inscription est un non-sens. Et une attaque grave au principe de gratuité dans l’éducation. En octobre 2019, le Conseil constitutionnel a pourtant réaffirmé qu’il s’applique en France de la maternelle à l’université.

L’objectif est simple pour Emmanuel Macron. Résoudre le problème de la précarité étudiante en réservant l’entrée dans l’enseignement supérieur à celles et ceux qui en ont les moyens.

Hausse des frais d’inscription

Contrairement à ce qu’il laisse entendre, la France n’est pas une exception dans son modèle de financement de l’enseignement supérieur. Les frais d’inscription sont nuls en Suède. L’Angleterre est le seul pays européen à faire payer la majeure partie du coût des études aux étudiant.e.s. 

Dans les pays qui font payer le prix fort aux étudiants et à leur famille, l’endettement et la précarité des étudiant.e.s sont dramatiques. Ce mode de financement ne profite d’ailleurs pas à l’économie du pays. En Angleterre certains prêts ne sont jamais remboursés lorsque le salaire de l’ancien étudiant ne dépasse pas 32 000 € annuels. Aux États-Unis, la dette étudiante s’élève à 1 500 milliards de dollars et représente un véritable poids pour l’économie. Les inégalités d’accès à l’université y sont évidemment exacerbées. 

Le projet de Macron n’est donc pas une petite réforme visant à homogénéiser le système de financement de l’enseignement supérieur français avec celui de nos voisins. Ou encore de nous rendre compétitifs à l’international comme on l’entend souvent. Il s’agit d’un véritable choix politique libéral de désinvestissement de l’État dans l’université.

Le spectre de la dette étudiante

Cette déclaration n’est pas vraiment une surprise. Lors de la fuite de documents de campagne en 2017 — les « MacronLeaks » — on découvrait une note de l’économiste Robert Gary-Bobo. Expliquant comment « faire passer la pilule de la hausse des droits d’inscription ». Il suggère ainsi d’axer l’argumentation sur le développement de l’autonomie des jeunes, de rassurer les étudiant.e.s et leur famille avec la mise en place de crédits à taux subventionnés pour compléter les bourses. Et à terme les remplacer. Si aucun chiffre précis n’a été donné par le candidat lors de sa déclaration, ce rapport avance les sommes de 4000 à 8000 € par an et par étudiant. Et jusqu’à 20 000 € pour les grandes écoles.

Le président de la République conçoit un enseignement supérieur à l’américaine. Qui endette les étudiants et dont l’accès est soumis à une véritable sélection par l’argent. Cet objectif s’inscrit dans la continuité du plan étudiant. Proposé à la fin de l’année 2017, il s’est concrétisé par la loi relative à l’Orientation et à la Réussite des Étudiants (loi ORE) et la mise en place de la plateforme Parcoursup, dont le bilan en termes d’aggravation de la ségrégation scolaire est déjà très négatif. Le programme d’Emmanuel Macron est à l’opposé des besoins des jeunes, c’est-à-dire un enseignement supérieur émancipateur qui soit accessible à toutes et tous.


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