Macron : 8 ans de réformes destructrices pour l’éducation

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Macron : 8 ans de réformes destructrices pour l’éducation

Depuis son élection en 2017, Emmanuel Macron a enchaîné les déclarations sur l’Éducation nationale. Au fil du temps et de ses Ministres, de nombreuses réformes ont vu le jour, bouleversant – négativement – le système éducatif de notre pays et mettant de côté nombre de jeunes. 

Sélection, renforcement des inégalités sociales, attaque du cadre national des épreuves, tant de conséquences qui se regroupent autour d’un seul et même projet de société.  

2018 : Parcoursup 

C’est un des premiers faits d’armes d’Emmanuel Macron en tant que président de la République : imposer la sélection à l’entrée à l’Enseignement supérieur. Face à une situation de saturation des universités en raison du manque d’investissement des gouvernements précédents, le nouveau Président a fait le choix de limiter le nombre d’élèves y ayant accès.

C’est le sens de la plateforme Parcoursup qui opère comme une véritable plateforme de tri social. En sélectionnant les élèves sur des critères tels que les notes, mais aussi les activités extrascolaires ou les spécialités choisies, Parcoursup vise à exclure de l’université toute une partie des classes populaires. Pire, en pondérant les notes en fonction du lycée d’origine et de sa “réputation”, la plateforme attise les inégalités sociales déjà présentes entre les élèves. 

Combiné au contrôle continu de la réforme du bac (voir après), Parcoursup prend en otage l’année de terminale pour en faire une année de bachotage dans laquelle chaque mauvaise note peut avoir pour conséquence le refus à une formation. Résultat : chaque année, environ 80 000 élèves quittent la plateforme sans aucune formation, parfois en ayant attendu plusieurs mois. Première des réformes éducatives d’Emmanuel Macron, elle symbolise à elle seule son projet : un système éducatif fait pour faire réussir les élèves les plus favorisés. 

2019 : Réforme du baccalauréat général

Malgré des mois et des mois de grèves des enseignants, des mobilisations lycéennes immenses, le résultat est là : Macron a réussi à dynamiter le baccalauréat général. 

Cette réforme du baccalauréat portée par Jean-Michel Blanquer impose le contrôle continu et créée tout un tas de “bac maisons”, sans presque plus aucun cadrage national. 

Un vecteur d’inégalités immense entre les établissements et les élèves, qui a donné lieu à des dérives évidentes et attendues. Si les lycéennes et lycéens ont d’abord accueilli cette mesure avec enthousiasme, le réel leur a raidement fait changer d’avis : avec le contrôle continu pour le bac, c’est le stress permanent, pour chaque note, pour chaque DM.  Autre volet de la réforme, la suppression des filières pour les remplacer par des spécialités “à la carte”. Cela a eu pour effet de renforcer les orientations genrées et forcées. On retrouve encore plus qu’avant les élèves de la bourgeoisie dans les mêmes études et les enfants de salariés et d’ouvriers dans d’autres. 

Autre exemple symbolique, la suppression des mathématiques du tronc commun. Le résultat est sans appel, c’est majoritairement par les femmes que cette matière a été désertée. Un retour sur 30 ans de combats pour la démocratisation de cette discipline aurpès des jeunes filles.  

2019 : SNU

C’était une promesse de campagne du candidat Macron en 2017.  En 2019 se tiennent les premières sessions du Service national universel, auprès de quelques départements “tests”. Depuis, le dispositif s’est généralisé sans jamais convaincre. 

Derrière les effets d’annonce et la communication, le SNU demeure une coquille vide. Ni vraiment colonies de vacances, ni vraiment Éducation morale et civique, ni vraiment engagement associatif, le SNU fait figure de fourre-tout pour masquer l’absence de politique jeunesse sérieuse de la part du gouvernement. En résumant l’apprentissage de l’engagement citoyen à une levée de drapeau le matin, le SNU donne une version étriquée et conservatrice de celui-ci. Une vision de l’engagement qui apparaît d’autant plus décalée que ce gouvernement n’a eu de cesse de réprimer et de criminaliser les jeunes qui se sont mobilisés durant les années de quinquennat d’Emmanuel Macron. Le SNU a aussi fait parler de lui par ces problèmes d’encadrement non assurés correctement : accusations d’agressions et de violences sexistes et sexuelles, malaises de jeunes pendant des cérémonies, punitions humiliantes… 

Des problèmes qui ne semblent pas déranger le président de la République qui continue d’envisager de rendre ce dispositif obligatoire et sur le temps scolaire. 

2021 : Grand oral

Inclue dans la réforme du baccalauréat de 2019, l’épreuve du “Grand oral” pour les classes de terminales se tient pour la première fois en 2021 et symbolise à elle seule toutes les inégalités engendrées par cette réforme. 

D’abord sur la préparation, puisque quasi aucunes heures ne sont dédiées à cette préparation dans les emplois du temps des élèves. Ainsi, le temps de travail sur cette épreuve dépend du bon vouloir et du temps dont disposent les professeurs une fois que les autres éléments du programme du bac ont été vus. 

Ensuite, le contenu même de ce qui est évalué ouvre la porte à de fortes inégalités. Si les grilles d’évaluation restent floues, on sait qu’est noté dans cette épreuve l’éloquence des élèves, leurs comportements physiques ou encore leur intonation. Tout un tas de compétences qui ne s’acquièrent pas en quelques heures et qui sont des révélateurs de la classe sociale des élèves. 

Résultat, chaque année, des écarts de notes importants apparaissent entre des élèves sans que l’on puisse mesurer précisément ce qui a distingué deux prestations. Ce grand oral apparaît donc comme une épreuve taillée pour faire réussir les élèves les plus en réussite, souvent issus des CSP+ et qui sont les plus à l’aise à l’oral. 

2023 : Mon Master

La plateforme a succédé à “E-candidat” en 2023 afin “d’optimiser” l’attribution des places en master. Mais elle est bien loin de répondre aux revendications des syndicats et des organisations progressistes qui demandent une augmentation des moyens alloués aux universités et l’ouverture de places en master. 

Chaque année, Mon Master laisse plusieurs milliers d’étudiants sans affectation à l’issue de la phase complémentaire. La plateforme s’inscrit également dans la même philosophie de mise en concurrence des étudiants pour l’accès à la poursuite de leurs études que sa grande sœur Parcoursup. “Êtes-vous un étudiant boursier ? Si oui, à quel échelon ?” ou “Aurez-vous besoin d’un job étudiant durant vos études ?” sont des questions qui peuvent être posées aux jeunes candidatant sur la plateforme. 

Avec l’autonomie des universités, nous assistons à une véritable libre concurrence entre les établissements, via des algorithmes opaques. Mon Master défavorise les classes populaires et les universités de “second rang”. 

2024 : Réforme du bac pro

Si elle n’est pas la plus médiatisée, la réforme de la voie professionnelle est pourtant l’une des plus catastrophiques.

D’abord, la réorganisation de l’emploi du temps des élèves pose un certain nombre de questions. Au programme : une réduction considérable du nombre d’heures de cours et d’apprentissage, au profit de la multiplication des stages. Derrière ces mesures, une même logique : former des travailleurs peu chers, peu qualifiés, et habitués par les stages aux contrats courts et mal payés. Bien utile pour les patrons qui souhaitent une main d’œuvre malléable, à défaut de garantir des contrats, des conditions de travail et un salaire acceptables. 

Ainsi, les stages sont aujourd’hui gratifiés à hauteur de 50 à 100€ par semaine. Une somme ridicule versée par l’État pour appâter les jeunes issus des familles précaires vers la voie pro. Plutôt inquiétant quant au contenu des stages qui navigue entre formation et travail gratuit.  Qui plus est, 1000€ par an ne permettent pas de vivre dignement.

Enfin, la volonté d’adapter la carte des formations aux besoins immédiats et locaux des entreprises se traduit déjà par de nombreuses fermetures de filières et de lycée. Les jeunes choisissant le lycée professionnel n’ont donc plus le choix des métiers puisque les formations sont conditionnées géographiquement.


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