L’Union européenne, première destination des délocalisations

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L’Union européenne, première destination des délocalisations

Le 9 juin prochain, se tiendront les élections pour renouveler le Parlement européen. Si cette élection intéresse peu les Français, l’abstention ayant atteint un peu moins de 50 % en 2019, les enjeux autour de la construction européenne n’en sont pas moins cruciaux.

Ces élections peuvent être le moment (ou pas) de consolider les forces opposées à la construction néolibérale de l’UE, qui a coûté si cher à notre industrie et à notre pays.

Les chiffres de la désindustrialisation

Selon l’INSEE, 72 % des entreprises qui délocalisent le font en Europe, contre 23 % qui préfèrent s’installer en Chine ou en Inde. En cause, des frais de transports plus élevés pour faire venir des produits depuis l’Asie. Beaucoup de groupes préfèrent donc délocaliser une partie de leur production dans des pays proches, au sein même de l’UE, pour pouvoir y exploiter une main d’œuvre moins coûteuse pour le capital.

Toujours selon l’INSEE, la France perd environ 10 000 emplois par an, depuis les années entre 2011 et 2017. La part de l’activité industrielle dans le PIB est, elle, passée de 27 % en 1980 à 17 % en 2022, soit une chute de dix points en 40 ans.

Un impact mortifère dans nos territoires

Derrière ces chiffres, ce sont plusieurs départements français qui ont été durement touchés, à l’image du Pas-de-Calais, du Nord ou de la Picardie. La perte de l’usine du coin, entraîne souvent la désorganisation de toute l’économie locale.

On peut citer le cas de Renault, délocalisant en 2011 plusieurs usines de fabrication de moteurs en Espagne et en Roumanie, détruisant au passage 300 emplois dans la ville de Douvrin (Pas-de-Calais). Tout aussi frappante, la fermeture de l’usine de pneumatiques Bridgestone à Béthune (Pas-de-Calais également), qui a détruit plus de 800 emplois. On peut également penser aux Goodyear et à la fermeture des hauts fourneaux en Lorraine.

En plus de représenter un drame pour celles et ceux qui les vivent, les délocalisations posent un véritable problème de souveraineté industrielle. Notre dépendance vis-à-vis de l’extérieur nous a par exemple placé dans de grandes difficultés durant la crise de la covid-19, avec la pénurie de masques et de médicaments au plus fort de la crise. Des pharmacies manquent encore de certains médicaments à l’heure actuelle.

Plus largement, la fermeture des frontières a désorganisé les chaînes de productions d’un grand nombre de groupes. 65 % des entreprises françaises déclarent avoir rencontré des difficultés du fait des mesures sanitaires. La casse de notre industrie nous a rendu particulièrement vulnérables en temps de crise.

Reprendre la main : sortir des traités

Ces drames ne sont pas une fatalité. Ils sont le résultat de l’accumulation de traités européens libéraux depuis des décennies. Qu’il s’agisse de l’Acte unique, qui garantit la libre circulation de capitaux et des entreprises à travers les pays de l’UE, ou de Maastricht, qui accélère la libre circulation en supprimant le contrôle des changes ou enfin du Traité de Lisbonne qui sacralise la concurrence libre et non faussée, tous poussent au libre-échange et à la concurrence débridée entre les travailleurs.

Ce sont ces traités qui laissent les capitalistes se livrer à une véritable course au moins-disant social et fiscal. Rappelons que les prélèvements obligatoires sur les sociétés et les grandes fortunes ont plongé avec l’intégration européenne.

Il est donc urgent de reprendre le contrôle sur notre économie en sortant de ces traités qui détruisent notre industrie, précarisent les travailleurs et mettent en péril notre souveraineté nationale.

Cela passe par le renforcement de la CGT, qui lutte pied à pied contre chaque délocalisation, mais cela se fera aussi en envoyant au Parlement européen des députés, qui seront forces de blocage contre l’adoption de nouveaux traités libéraux, et qui exigeront la mise en place de mesures protectrices pour notre industrie et, par extension, pour toute la population.


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