L’onde de choc de la fin du silence

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L’onde de choc de la fin du silence

Il y a 5 ans, l’affaire Weinstein était à l’origine d’une libération inédite, presque planétaire, de la parole des femmes. 

#MeToo, #MeTooThéatre, #MeTooCinéma, #BalanceTonPorc, les mots-dièse se sont enchaînés. Derrière ces #, des phrases, des mots, des libérations, des soulagements ont été sur le devant de la scène, mais aussi et surtout des histoires de vie emplies de souffrances et de traumatismes. La parole des femmes victimes de violences sexuelles se libérait et parallèlement les oreilles du monde s’ouvraient, symbole d’une société enfin prête à entendre et reconnaître l’infusion du patriarcat dans chacune de ses sphères. 

5 ans après, le bilan est plus que mitigé. Malgré une amélioration de façade de la prise en charge des violences faites aux femmes, la norme reste souvent le refus de dépôts de plainte, la minimisation des faits, les classements sans suite ou la requalification des viols en agression sexuelle.

La réponse politique à #MeToo est loin d’être à la hauteur. La grande cause du premier quinquennat Macron a fait chou blanc. Alors que le second commence, les délais moyens de réponse de la justice sur les accusations de viol sur personne majeure restent beaucoup trop longs. Le nombre de signalements de violences sexuelles progresse sans cesse depuis 2017. Les moyens ne suivent pas : ce n’est pas le recrutement de 2300 personnels supplémentaires pour la justice prévus en 2023 qui vont suffire à révolutionner la prise en charge des violences sexistes et sexuelles. 

Dans ce contexte, le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti ne trouve rien d’autre à faire que de s’offrir des sorties médiatiques, formulant des critiques acerbes contre les cellules internes de traitement des violences sexistes et sexuelles des partis politiques. Il ferait mieux de débloquer des moyens pour avoir des professionnels formés dans les commissariats, les gendarmeries, les tribunaux. Il ferait mieux de donner des moyens aux associations qui peinent à remplir leur mission dans de bonnes conditions. Enfin, il ferait mieux de contacter son collègue de l’Éducation nationale pour attaquer le problème à la racine et  faire en sorte que des séances d’éducation à la vie affective et sexuelle soient dispensées tout au long de la scolarité. 

La parole continue de se libérer, le gouvernement, lui, reste immobile. Tout bouge, rien ne bouge. 


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