L’interdiction des moteurs thermiques est repoussée à plus tard

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L’interdiction des moteurs thermiques est repoussée à plus tard

L’Union européenne voulait interdire la vente de voitures à moteurs thermiques à partir de 2035. Cette mesure a été bloquée par l’abstention de l’Allemagne. Qu’est-ce qu’on en pense ?

En effet, lors d’un vote le 7 mars, l’Allemagne n’a pas voté le texte visant la fin des voitures thermiques, et la majorité qualifiée des pays membres nécessaire à le valider s’est évaporée. 

Là-dessus, de nombreux eurodéputés français sont prompts à tomber sur notre voisin germanique.

Certes, l’Allemagne défend ainsi sa puissante industrie automobile. Tout de même, ce secteur représente près d’un million d’emplois directs, trois fois plus d’emplois induits, et plus de 10 % du PIB. C’est la troisième production automobile dans le monde. Difficile de balayer les préoccupations allemandes d’un revers de main, c’est un véritable défi qui est devant eux.

De plus, l’Allemagne était-elle prête à agir autrement ? En effet, l’électrification du parc automobile allemand ne serait pas forcément une bonne chose compte tenu de son mix électrique fortement carboné (plus de 500 grammes de CO2 par kWh sur un an). 

Bien sûr, l’Allemagne devra sans tarder décarboner sa production électrique, mais l’Union européenne traite séparément ces deux questions alors qu’elles sont interdépendantes. En clair, on demande aux Européens de ne plus avoir de véhicule thermique, mais on ne donne aucun moyen aux pays de décarboner leur consommation électrique.

Comment, dans ces conditions, passer au tout électrique ? Et même, pourquoi ?

Au fond, ce qui est surprenant dans cette histoire n’est pas l’attitude de l’Allemagne, mais c’est que la France est prête sans aucun état d’âme à sacrifier son industrie automobile (200 000 salariés environ). Pendant ce temps, rien n’est fait pour produire des voitures électriques dans notre pays, même la Dacia Spring est produite en Chine. Renault, Peugeot et Citroën ne cessent de délocaliser.

Et la France, que fait-elle ?

Certes, avec ses nombreuses centrales nucléaires, notre pays a davantage les moyens de faire reculer les véhicules thermiques que notre voisin. Nous pourrions plus facilement électrifier notre parc automobile.

Cela ne nous exonère pas de la question de nos capacités industrielles à passer à l’électrique. Les fonderies françaises ferment les unes après les autres, les équipementiers suivent le même chemin, et Renault est menacée de démantèlement. 

Pour leur part, les syndicats CGT de la filière automobile défendent un projet industriel pour répondre aux enjeux sociaux et environnementaux. Au lieu de ne produire que des SUV, la CGT souhaite produire en France un petit véhicule électrique abordable pour les trajets quotidiens.

Un petit véhicule, afin de limiter la masse du véhicule qui a une incidence sur la puissance de traction nécessaire, et donc sur la taille de la batterie. Et pour un usage quotidien, afin de restreindre l’autonomie et la taille de la batterie et d’économiser ainsi les métaux rares importés.

Cela résoudrait la question du vieillissement du parc automobile français, à l’origine de tensions autour des Zones à faible émission. Et cela préserverait l’emploi en France.

Parmi les options, la production de véhicules hybrides (thermique/électrique) peut aussi permettre de réduire les émissions de gaz à effet de serre tout en proposant une solution pour des trajets plus longs.

Alors, on aura créé les conditions pour une réduction des voitures à moteurs thermiques sans aucune hypocrisie.


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