L’inquiétante criminalisation du communisme en Europe

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L’inquiétante criminalisation du communisme en Europe

Depuis plusieurs d’années, des gouvernements réactionnaires tentent de criminaliser les idées communistes en Europe. 

En effet, la crise économique bat son plein, il devient urgent pour les défenseurs de l’ordre établi de museler l’alternative crédible que représente le communisme. Cela passe d’abord par la diabolisation des idées de Marx et Engels, puis par l’interdiction pure et simple des partis qui s’en revendiquent.

Une fuite en avant depuis 2015

L’année 2015 a représenté un premier basculement. En Ukraine, la révolte de Maïdan, largement menée par des groupes réactionnaires annonça le début des persécutions contre les communistes de ce pays. Après la chute du gouvernement Ianoukovitch, le Parti communiste ukrainien, ainsi que les symboles communistes furent interdits, par un décret du nouveau pouvoir. S’ensuivent de nombreuses agressions contre des responsables et des militants du parti, par des paramilitaires d’extrême droite. Le pire fut atteint à Odessa, lorsque 40 militants progressistes furent brûlés vif, à la Maison des syndicats par des milices nazies.

Le retour au pouvoir du PIS en Pologne marque une deuxième étape. Depuis 2015, ce parti ultra réactionnaire n’a de cesse d’intenter des procès contre le KPP et de réclamer son interdiction. Lundi 7 décembre 2020, le sinistre ministre de la justice, Zbigniew Ziobro, a une nouvelle foi demandé à la Cour suprême d’interdire le Parti communiste polonais. Le procès n’a pour pas abouti, mais ça n’est que partie remise.

Quand le parlement européen verse dans le révisionnisme historique

Le 19 septembre 2019, une nouvelle étape fut franchie par l’adoption par le parlement européen d’une résolution mettant sur le même plan l’URSS et le Troisième Reich. Cette résolution adopte un discours extrêmement réactionnaire sur l’Histoire du XXème siècle. Elle minimise la complicité des grands groupes capitalistes dans la montée du nazisme et le rôle de l’URSS dans la défaite de ce dernier. Elle passe également sous silence la passivité criminelle de la France et du Royaume-Uni lors de la guerre d’Espagne. Notons que parmi les élus “progressistes” français, seuls les insoumis ont voté contre cette résolution.

Le Conseil National de Slovaquie approuva la résolution européenne le 4 novembre. Les persécutions futures contre les communistes slovaques trouveront dans cette loi une justification.

Il y a quelques jours, c’est en Espagne, que la droite réactionnaire a décidé de lancer une campagne brutale contre le communisme. Sous le slogan “Le communisme ou la liberté”, le Parti populaire (qui rappelons-le n’a jamais renié le franquisme), cherche à tout prix à faire approuver la résolution du parlement européen par le parlement espagnol. Fort heureusement, la majorité de gauche (PSOE, Unidas Podemos, ERC, EH Bildu, CUP et BNG) a réussi à bloquer la résolution. Cependant, ce type de proposition pourrait être adopté à la faveur d’un changement de majorité.

L’anticommunisme a de graves conséquences sociales et politiques

Il faut insister sur le fait que l’interdiction des partis communistes s’accompagne systématiquement de politiques ultra réactionnaires et d’attaques plus larges contre le reste de la société.

En Ukraine, l’interdiction des symboles communistes s’accompagne de la réhabilitation des collaborateurs nazis. Notamment Stepan Bandera, un leader indépendantiste qui a combattu l’armée rouge dans les rangs de la Wehrmacht lors de la seconde guerre mondiale. Les commémorations de la victoire sur le nazisme ont été interdites, alors que dans le même temps celles en l’honneur des waffens SS se déroulent sans problèmes. 

En Estonie, où les partis communistes sont interdits, le gouvernement laisse chaque année se dérouler un défilé dans la capitale en l’honneur des anciens SS estoniens. En Pologne, la volonté du gouvernement d’interdire le KPP s’accompagne de tentatives d’interdiction de l’avortement et  de tentatives de mise au pas de la Cour suprême. 

Voilà pourquoi, il est absolument nécessaire de lutter contre la prolifération de ces lois néo-maccarthystes. Elles concernent en réalité l’ensemble des citoyens européens. 


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