Le programme COVAX est à l’initiative d’une alliance de plusieurs organismes mondiaux de santé : l’OMS, l’Alliance du vaccin, la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies. Cette initiative a pour objectif de résorber le gouffre inégalitaire de l’accès à la vaccination à travers le monde, en ciblant une offre vaccinale envers les pays les plus pauvres.
Si COVAX est aujourd’hui indispensable, il ne faudrait pas oublier les raisons de son existence. Les graves inégalités d’accès au vaccin et dans une plus large mesure à la santé se sont révélées d’autant plus fortes aux premières semaines de leur commercialisation. La plupart des pays du Nord se sont accaparé les vaccins, laissant les pays les plus pauvres sans moyen de protection face à la pandémie. On peut notamment retenir l’exemple du Canada qui avait commandé l’équivalent de faire vacciner 5 fois sa population alors que dans le même temps certains pays étaient désemparés face aux vagues épidémiques successives.
Ce non-choix qui a été fait par les grandes puissances a entraîné un conflit entre les différentes stratégies nationales. Les initiatives unilatérales au bénéfice de quelques grandes puissances impérialistes ont entraîné des effets pervers. Tout d’abord, on a vu une augmentation des prix des vaccins au milieu des batailles de commande vaccinales. Au milieu de la bataille, les compagnies pharmaceutiques n’ont pas hésité à jouer le jeu de l’offre et de la demande, parfois au terme de transactions opaques. C’était notamment le cas de l’Union Européenne qui ne laissait pas la possibilité de consulter les contrats passés avec les grands groupes pharmaceutiques, nous laissant dans le flou concernant les conditions de livraisons des doses.
Un autre effet pervers beaucoup plus important est celui de l’incapacité à résorber l’épidémie faute de vaccins. En effet, d’après l’OMS, ces inégalités ont favorisé la circulation du virus et ainsi, l’émergence de nouveaux variants. Avec le risque qu’un vaccin soit rendu inefficace, y compris au sein d’une population nationale entièrement vaccinée. Cette absence de stratégie vaccinale dans un cadre multilatéral a donc fait traîner l’épidémie, à la défaveur de toute l’humanité.
Nous devons tirer les leçons de cette non-organisation de la couverture vaccinale mondiale. Il est plus que nécessaire de développer les stratégies multilatérales. Nous le savons, les virus n’ont pas de frontière, aussi rien ne sert de vouloir développer des stratégies nationales pour se prémunir contre une crise mondiale. Et plus que tout, il y a un défi d’humanité à relever : ne pas laisser des pays démunis dans cette pandémie mondiale, c’est faire vivre la solidarité internationale. L’impératif de la décennie qui vient pour les pays du monde entier sera de s’inscrire dans des politiques multilatérales pour répondre aux crises que nous vivons. La santé mondiale passe aussi par la préservation de l’environnement humain, tous ces enjeux devront trouver une réponse globale, concertée et démocratique.
L’initiative COVAX : le résultat d’une absence de stratégie mondiale
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