Le ministère des Affaires étrangères a demandé, au travers d’un courrier adressé aux Directions régionales des affaires culturelles, l’arrêt immédiat de tout projet de coopération avec les ressortissants du Mali, du Burkina Faso et du Niger.
La décision résonne comme un coup de massue dans le monde du spectacle.
Politique et culture, une relation qui ne date pas d’hier
Le lien entre la politique et la culture est très fort, et cela, de tout temps. Qu’il soit utilisé par les artistes pour exprimer une opinion ou par les gouvernements pour imposer une conception, nous ne pouvons y échapper.
Lors des plus grands conflits, les artistes – et les arts en général – sont les premiers impactés. L’art et la culture sont perçus comme des menaces, comme un outil puissant pour dénoncer et rejeter le pouvoir en place. Quels dirigeants voulant imposer un régime autoritaire aimeraient voir du street-art ou un chant dénonçant son régime ?
Pourtant, ce qu’il se passe aujourd’hui à travers cette suspension dépasse la dénonciation d’un régime. Cela va plus loin que ça. Il s’agit de priver des artistes et des lieux de leur liberté de création. Et si la politique et la culture sont intrinsèquement liées, des limites doivent être posées, et la liberté d’expression en est une.
À l’heure où nos théâtres sont encore trop cloisonnés à travers des esthétiques considérées comme la norme, l’ouverture à l’ensemble des œuvres internationales devrait être une priorité. Qu’importe la situation géopolitique et peut-être même encore plus lorsque la violence est la seule chose vécue dans un pays.
L’art doit être brandi comme un étendard à la paix et cela commence par l’accueil des artistes sur notre territoire.
Une rupture inédite dans l’histoire
Dans l’histoire, peu de moments ont été marqués par des ruptures d’échanges culturelles.
Si la Seconde Guerre mondiale a marqué une rupture profonde entre la France et l’Allemagne, les échanges internationaux n’ont pas cessé durant l’occupation, ils ont même servi à la résistance.
Jeanne Laurent, l’une des fondatrices du service public de la culture, délivrait des visas aux artistes pour fuir la France vers la Belgique durant cette sombre période de l’histoire. À la sortie de la guerre, les liens entre France et Allemagne ont repris et ont donné des incontournables comme la chaîne Arte.