L’immigration est un enjeu de classe 

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L’immigration est un enjeu de classe 

Le gouvernement espagnol a annoncé il y a 10 jours une réforme sur l’immigration qui prévoit de régulariser des dizaines de milliers de personnes migrantes supplémentaires par an. Passée presque inaperçue ici en France, cette loi est intéressante, mais révèle les limites d’une partie de la gauche européenne

La ministre espagnole de l’inclusion et des migrations explique que la logique de la loi est de faciliter l’accès aux titres de séjour pour sortir des travailleurs des emplois illégaux. “L’Espagne a besoin d’environ 250 à 300 000 travailleurs étrangers par an pour maintenir son niveau de vie” d’après elle. 

Cette logique peut sembler séduisante tant la misère dans laquelle vive la plupart des personnes sans-papiers est insoutenable. Les régulariser permet de lutter contre le travail au noir, utilisé par le patronat pour tirer les droits de l’ensemble des travailleurs vers le bas. Par ailleurs, l’inhumanité des politiques migratoires des autres pays européens est telle, que la loi espagnole ne peut que faire du bien ! 

Cependant, et la ministre l’assume, la réforme se base sur une logique utilitariste. L’économie espagnole en croissance a besoin de 300 000 travailleurs supplémentaires par an. Le patronat préfère une main d’œuvre peu chère et peu qualifiée. L’immigration est donc une chance, surtout pour le capital espagnol. 

Nous disons souvent à juste titre que les politiques d’accueil des pays européens sont honteuses, nous ne parlons que trop peu des logiques qui poussent à migrer. D’abord la misère. Le partage de la production mondiale actuel, dessiné tout au long des siècles derniers par l’occident, ne peut que maintenir les pays dont sont originaires les migrants, en situation de sous-développement. A ce titre, l’émergence des BRICS, venant remettre en question l’hégémonie de l’occident et du dollar est une bonne nouvelle. Elle ne suffira cependant pas, et il est grand temps de renforcer et d’engager l’ensemble des nations dans les plans de développement mondiaux pilotés par l’ONU. 

Ensuite, les guerres. Il est grand temps de mettre un coup d’arrêt aux logiques impérialistes qui minent le monde, et mettent en péril l’humanité.

L’immigration ne représente pas un danger  pour notre civilisation, mais pose des problèmes sociaux. C’est un enjeu de classe, au cœur de l’affrontement capital/travail. Ne pas organiser démocratiquement l’accueil des personnes migrantes, c’est laisser faire le patronat. Le résultat on le connaît : misère, dumping social, bidonvilles, ghettos, atteinte à la dignité humaine, prostitution, mafias. Au travail pour inventer autre chose !  


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