Sorti en salle le 26 janvier, « Les Promesses » de Thomas Kruithof tient justement les siennes.
Impossible de ne pas commencer par saluer les deux premiers rôles. Isabelle Hubert en maire et Reda Kateb, son chef de cabinet. Leur jeu donne un ton de documentaire au film tant il est juste. Mention spéciale aussi à Jean-Paul Bordes et Soufiane Guerrab respectivement en Michel Kupka et Esposito qui ne tombent pas dans la facilité et refusent la caricature.
Si le film donne l’impression d’un documentaire, ce n’est pas à cause de sa réalisation. Simples, les plans s’enchaînent sans lourdeurs, au service du suspense haletant. C’est surtout le scénario qui rend totalement réaliste le propos. Le film nous plonge dans la gestion d’une mairie de banlieue au prisme avec les arcanes des arbitrages d’État.
En zoomant sur la « cité des Bernardins », le réalisateur permet d’aborder un sujet quasi universel : le mal-logement.
De la cité au jeu de pouvoir
Dans une cité où les marchands de sommeil font la loi, quels leviers sont à disposition des habitants, des services de la ville, des élus ? La lutte des Bernardins montre le quotidien, l’urgence des plafonds qui fuient face aux grands plans ministériels sur plusieurs années. Le prétexte est bon, il permet de donner du sens à ce qui est dans le fond un thriller politique.
Le jeu du pouvoir est finement représenté, entre les jeux d’appareils, « réseau », batailles électorales et enjeux personnels.
À la façon de Baron noir, on suit la distance entre la réalité des politiques et la réalité du terrain. Le cynisme itinérant aussi à certains professionnels de la politique. Le personnage de Clémence est bien écrit, tout comme celui de Yazid, leurs personnalités accrochent et mêlent justement l’intime et le politique sans tomber dans un sentimentalisme accessoire.
Le seul bémol du film est peut-être cette orientation purement politique, ce qui pose la question de l’adresse à un public désintéressé par la politique. Pour autant, le thriller tient en haleine et lorsque le générique commence on reste presque sur sa faim, on aurait envie de continuer de suivre la vie de la cité. Pour cause, le temps est très maîtrisé et il passe vite. On sort de la salle après une heure quarante comme si on venait d’en passer dix.
Ce film peut permettre de comprendre les rouages de la politique locale, ce qui en pleine campagne présidentielle a tout son intérêt. On avoue aussi un regard tendre sur Michel, l’infatigable de la lutte qui nous rappelle quelques militants acharnés.