Le vendredi 8 novembre, aux « Rencontres de l’avenir », Nicolas Sarkozy s’en est donné à cœur joie en attaquant une nouvelle fois le corps enseignant. Ces professeurs, qu’il déteste et méprisent, ne travaillerait ainsi que « 24 heures par semaine, six mois de l’année », pour justifier que « nous n’avons pas les moyens d’avoir un million d’enseignants ».
L’occasion est donc donnée de prendre connaissance des ambitions, pour l’avenir de la France, de l’ex-président et repris de justice.
Contexte : toujours la casse
Ces propos, qui ont déclenché une vive réaction des syndicats, interviennent dans le contexte tendu des débats parlementaires sur le projet de loi finances. En l’occurrence, le gouvernement Barnier a l’ambition d’effectuer une saignée de 4000 postes d’enseignants en 2025. La droite poursuit donc sa politique de démantèlement du service public.
L’année dernière, Gabriel Attal avait ainsi annoncé une suppression de 2500 postes, avant de renoncer pour mettre en œuvre sa réforme « du choc des savoirs ». Auparavant, 1500 postes avaient été supprimés en 2023, et 7490 sous Blanquer lors du premier mandat d’Emmanuel Macron.
Pendant le quinquennat Hollande, 60000 créations de postes d’enseignant avaient eu lieu, mais n’ont pas rattrapé le travail de sape effectué par Nicolas Sarkozy, avec l’indigne record de 80000 postes supprimés en cinq ans.
Les propositions n’évoluent donc pas dans le temps, avec un ancien président au soutien de l’actuel Premier ministre.
24 heures par semaine ?
Revenons sur les propos de M. Sarkozy. Dans son décryptage, Public Sénat rappelle que ces propos sont erronés : les 24 heures hebdomadaires concernent le travail effectué devant la classe. Entre la préparation des cours, les différentes tâches en équipe, et d’autres liées à la vie de l’école, on arrive à un temps de travail hebdomadaire médian de 43 heures.
Mais au-delà : dans cette intervention, la thèse principale est le manque de moyen. Le faible nombre d’heures effectuées, la fainéantise suggérée, ne sont que des arguments pour justifier qu’il est impossible d’atteindre le million de professeurs. Argument fallacieux au possible : ce sont les besoins, et non les conditions d’exercice (fantasmées en l’occurrence), qui doivent déterminer les politiques d’emploi public.
Défendons la baisse du nombre d’élèves par classe, qui permet une amélioration des résultats, et luttons contre cette pratique bourgeoise de dénonciation
Des conséquences dramatiques
Allez savoir pourquoi, la France a les classes les plus surchargées de l’OCDE à l’école élémentaire et au collège. Au contraire, les études ont démontré que la réduction des effectifs était une mesure fiable pour augmenter la réussite.
Devant ce qui semble être l’évidence, ne nous étonnons pas d’avoir vu le niveau des élèves français dégringoler lors du dernier classement Pisa 2023, en mathématiques et compréhension de l’écrit. Avec une cause identifiée : la pénurie de professeurs.
La casse d’un service public a des conséquences. Et, systématiquement, ce sont les classes populaires qui trinquent en premier. Dans le cadre de ce classement, la France a été étrillée pour son système éducatif particulièrement inégalitaire.
Près d’un an plus tard, les propos de Nicolas Sarkozy vont à l’encontre de toute conception d’une éducation nationale favorisant la réussite du plus grand nombre. Mais il n’est plus à démontrer que la réussite du plus grand nombre est à l’opposé des objectifs politiques de l’ancien président, et de la droite. Tartuffes.