Mouvement fondé à la Libération par des militants ouvriers issus de la Résistance, les Pionniers de France contribuent depuis 1946 à l’émancipation et l’éducation de nombreux enfants à travers le pays. La période estivale est l’occasion pour l’Avant-garde de se pencher sur cette question du droit aux vacances, levier essentiel de la socialisation, des apprentissages et de la construction de chaque jeune. Un droit trop souvent oublié, voire nié.
Mickael Gomez, Coordinateur régional Nord-Pas-de-Calais au Mouvement des Pionniers de France a répondu à nos questions.
Votre mouvement fait beaucoup pour faire vivre le droit aux vacances. Palliez-vous un manque d’engagement de l’État sur cette question ?
Des engagements, l’État en prend énormément. Ce qu’il manque, ce sont des moyens réels qui permettront aux familles de partir en vacances, qui permettront aux organisateurs de séjours issus de l’éducation populaire d’offrir des vacances de qualité aux enfants. La situation économique actuelle et les problématiques sociales fragilisent tant les personnes que les associations.
Nous vivons les mêmes réalités, nous pallions comme nous le pouvons les manques de moyens. Nous essayons de faire toujours plus avec plus de contraintes. Sans oublier que nous sommes tous confrontés à la mise en concurrence face à des marchands de vacances… où le critère du prix l’emporte sur le projet, les valeurs…
Aujourd’hui, organiser et faire partir des enfants en séjour de vacances est une réelle volonté politique pour les communes. Depuis de nombreuses années, le nombre de départs en colo diminue, et nombre de structures ferment. Les communes vendent leur centre de vacances. L’État le sait et les dotations diminuent encore et encore. Étant donné les contraintes budgétaires dont elles souffrent, nous ne pouvons que saluer les communes qui s’engagent sur le droit aux vacances
Vous héritez d’une large histoire, liée notamment aux colonies de vacances. Quelle est votre conception de celles-ci ?
Pour nous, organiser des séjours de vacances, c’est avant tout permettre aux enfants de bénéficier de vacances éducatives, ludiques et riches de partage.
En ce sens, il nous importe de ne pas transformer les enfants en consommateur d’activités de loisirs. Notre conception éducative est basée sur une démarche où les enfants sont pleinement associés à leur séjour. Nous souhaitons que les enfants soient coauteurs et acteurs de leur colo. Notre leitmotiv, c’est de « Faire avec les enfants » afin de leur permettre de proposer, de décider, d’agir ensemble autour de thématiques liées aux enjeux de la société.
De manière générale, nous agissons dans le sens des valeurs de l’éducation populaire, ce qui permet aux enfants d’ouvrir les yeux sur le monde qui les entoure et de pouvoir agir en ayant des valeurs communes telles que la solidarité, le respect, la responsabilité…
Plus globalement, quelle est votre action quotidienne ?
Au quotidien, cela est difficile de l’expliquer, car comme j’aime le dire, nous sommes multipolyvalents.
Des activités pour les enfants dans les quartiers populaires aux initiatives comme les villages itinérants des droits de l’enfant, en passant par la formation BAFA / BAFD et aux séjours de vacances, notre activité est très diverse.
Pourquoi défendre et faire vivre l’héritage d’un mouvement comme le vôtre est nécessaire, tant pour les enfants d’aujourd’hui qu’au vu de l’histoire ?
Parce que justement, c’est un héritage, nos prédécesseurs avaient une vision basée sur la capacité de se confronter collectivement et individuellement aux défis de la société, de lutter contre la remise en question des droits humains et fondamentaux, de permettre aux personnes de s’approprier ces enjeux et de construire un meilleur avenir où l’humain serait la priorité.
Mais aussi et surtout parce qu’avec les enfants, on peut inventer l’avenir.