Le 6 septembre dernier, les “Jeunes de la NUPES” présentaient leur programme partagé pour les élections européennes censé rassembler tous les partis de gauche dans une liste commune pour juin 2024.
Mais la bonne volonté des jeunes écologistes, socialistes et insoumis n’a pas pu masquer, d’une part, le flou total de leurs 166 propositions communes, mais aussi la déconnexion de certains cadres politiques d’avec les conditions objectives de la jeunesse aujourd’hui.
Les jeunes dans les élections : histoire d’une disparition
Le phénomène de l’abstention est devenu depuis quelques années le trait marquant des élections françaises dans les commentaires médiatiques. S’il révèle surtout l’échec du modèle de la démocratie parlementaire propre à la Vᵉ République, il démontre plus encore l’éloignement de la population de la vie politique en général et des jeunes en particulier.
Alors même que les présidentielles sont habituellement les élections qui rassemblent le plus de suffrages du fait du modèle présidentiel de la Vᵉ République, 25 % des jeunes de 18 à 24 ans ont refusé de se déplacer vers les urnes. Si l’on y ajoute ceux qui ne se sont déplacés que pour un seul tour, la proportion s’élève à presque la moitié des jeunes. C’est la catégorie d’âge qui a voté le moins voté dans la population française.
Un idéalisme rattrapé par le mur du réel
Face à cette déprise de popularité de la démocratie représentative, la création de la Nouvelle Union Populaire, Écologique et Sociale (NUPES) représentait pour ses partisans l’espoir d’une remobilisation de l’électorat de gauche et surtout de la jeunesse qui, dans l’esprit de certains responsables politiques, n’attendait que l’union des gauches pour participer enfin au jeu démocratique et offrir au pays une majorité de gauche.
Cette analyse pour le moins simpliste s’est heurtée au réel. Non seulement plus de sept jeunes Français sur dix ne sont pas allés voter aux législatives 2022, mais en plus l’électorat de Jean-Luc Mélenchon (qui en 2022 était fortement marqué par la jeunesse) s’est moins mobilisé pour cette échéance.
En réalité, cette union artificielle n’a pas permis de redonner confiance en la politique, que ce soit dans la population en général ou chez les jeunes en particulier.
« Il y avait deux chemins devant moi, j’ai pris celui qui était le moins emprunté. »
Malgré ces faits implacables, les organisations de jeunesse de la NUPES se sont entêtées. Sûres de la popularité massive de cet accord électoral, elles ont annoncé lors de leur dernier Forum européen des Jeunes de la NUPES la mise en place d’un programme pouvant servir de support à la constitution d’une liste unitaire pour les européennes 2024.
Mais hormis chez les cadres et militants de ces organisations des centres urbains, cette proposition n’a pas soulevé un enthousiasme débordant.
C’est que les fonctionnements opportunistes sont précisément la cause de la moindre mobilisation des jeunes adultes dans la vie politique du pays. Et il serait non seulement caricatural, mais aussi méprisant de résumer cela au fait que les jeunes “s’intéressent moins à la politique”.
Les élections européennes restent le vernis démocratique d’une Europe aux fondations profondément libérales et de l’incapacité des parlementaires européens à mettre un frein à la destruction du modèle social français par l’Union Européenne.
De fait, la nécessité de l’union des gauches devient un horizon difficilement compréhensible, surtout quand certains à gauche se sont toujours fait les chantres de ce modèle européen fédéral, prédateur des conquis sociaux des travailleurs de tous les pays.
Reste qu’il faut bien choisir une voie pour donner envie aux jeunes de se mobiliser pour un nouveau projet de société et des victoires concrètes. C’est en ce sens qu’Assan Lakehoul, Secrétaire général du MJCF, a réagi pour indiquer que “la force croissante du MJCF et la création de nouvelles fédérations dans les territoires périurbains et ruraux démontrent que la clé se trouve avant-tout dans la présence militante et la construction d’un espace réellement démocratique et efficace par et pour les jeunes.”