Les cheminots ripostent ! 

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Les cheminots ripostent ! 

La riposte globale, théorisée par la Fédération CGT des cheminots au cours de son dernier congrès, a franchi une étape lors de la manifestation nationale des cheminots, appuyée par les syndicats européens, qui s’est tenue à Paris ce 28 mai 2024.

Confrontée à des offensives libérales qui se suivent et se succèdent, la corporation cheminote est montée au créneau pour défendre le service public. Ce ne sont pas moins de 8 000 cheminotes et cheminots, de tous métiers, qui ont envoyé un signal au gouvernement et à la direction de la SNCF.

Les raisons de lutter ne manquent pas. Politiquement, l’ouverture à la concurrence du transport de voyageurs, et les conséquences que cela induit sur le financement des chemins de fer et de l’opérateur public historique, les usagers et les cheminots, constituent déjà une raison de se mobiliser. À cela, s’ajoute la fin du statut pour les nouveaux entrants, le recul de l’âge de la retraite, la liquidation des cabinets médicaux ou encore l’éloignement des instances représentatives du personnel consécutif à la création des CSE.

Au quotidien, les cheminots subissent le recours accru à l’intérim, le déséquilibre entre la charge de travail et le nombre d’emplois, la baisse de la part des salaires dans l’assiette de la rémunération au profit des primes et de l’intéressement, une baisse générale des salaires liée à des années de stagnation sans rattrapage de l’inflation, la dégradation des conditions de service, de circulation et de sécurité, ou encore les souffrances liées à la polyvalence.

Mais parmi cette myriade de sujets qui s’articulent dans le cadre de la riposte globale, il y en avait un que les organisations syndicales ont tenu à mettre particulièrement en exergue ce 28 mai : la liquidation de Fret SNCF.

En effet, en 2023, la Commission européenne ouvrait une enquête pour déterminer si les aides apportées à Fret SNCF étaient compatibles avec les règles relatives à la concurrence. Car oui, si le transport de voyageurs s’ouvre tout juste péniblement à la concurrence, le transport de marchandises a été ouvert dès 2006. Et quel bilan ! De 15 %, la part du fret ferroviaire dans le transport de marchandises est passée à 10 %, le tout largement au profit de la route !

Et donc, sans attendre l’avis de la commission, et alors qu’il avait trois ans pour se positionner, le gouvernement choisit la discontinuité de Fret SNCF, c’est-à-dire sa liquidation. À sa place, deux opérateurs dont la viabilité économique à moyen terme est plus que remise en cause. Ce saccage est annoncé pour le 1er janvier 2025…

Cette décision est une aberration économique tant le ferroviaire est au cœur des politiques publiques d’aménagement du territoire. Quid du wagon isolé, pourtant incontestablement non-rentable ? Le Perpignan-Rungis ? Sa réouverture symbolique semble n’avoir que trop duré pour le gouvernement. Après tout, l’Union européenne s’apprête à autoriser les mégacamions de 60 tonnes, qui viendront directement concurrence ce qu’il reste du fret ferroviaire, au détriment de la sécurité des conducteurs, des piétons et de l’environnement. 

Quoi qu’il en soit, les cheminots ont envoyé un signal ce mardi à Paris : la bataille n’est pas jouée. Qui aurait prédit il y a quelques mois encore que les cheminots de la SNCF gagneraient un accord améliorant les dispositifs existants de cessation progressive d’activité, nuançant ainsi les conséquences de la réforme des retraites ? C’était une revendication historique de la CGT des cheminots, elle a été obtenue.

N’en déplaise à Jean-Pierre Farandou, patron de la SNCF qui applique avec zèle les réformes successives de démantèlement du service public, les cheminots ont signé pour remettre le ferroviaire public sur de bons rails !


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