Léna Raud : « Dès la rentrée nous serons là, tract en main, prêtes et prêts à lutter »

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Léna Raud : « Dès la rentrée nous serons là, tract en main, prêtes et prêts à lutter »

L’Union des étudiants communistes a une nouvelle secrétaire nationale, prenant la suite de Jeanne Péchon. Réuni les 2 et 3 juillet, le collectif national de l’UEC a élu Léna Raud à la tête de la branche étudiante du Mouvement jeunes communistes de France. Engagée depuis le lycée à Angers, Léna a fait un master de production théâtrale qu’elle complète par des études de communication.

Comment t’es-tu engagée à l’UEC et quels ont été tes premiers combats ?

J’ai commencé mon engagement d’abord au lycée au sein de l’UNL. Très vite, je me suis engagée au MJCF pour aller plus loin dans ma formation politique. Je voulais élargir mon travail militant à d’autres sujets que la défense des droits lycéens. 

Ensuite, quand je suis entrée à la fac, notamment en arrivant à Paris, j’ai été témoin des problèmes de l’enseignement supérieur. Les conditions d’études des étudiantes et étudiants sur les différents campus étaient parfois déplorables. Les deux tiers, et j’en faisais partie, devaient travailler pour financer leurs études et leur vie. Beaucoup finissent par lâcher prise dans le suivi de leur cursus, car ça devenait trop dur de suivre. L’état de l’université témoignait aussi d’un manque de moyens. Le pire c’est que finalement rien n’a bougé, tout s’est même empiré. 

C’est tous ces constats, qui me paraissaient injustes, qui m’ont poussé à m’engager activement à l’Union des étudiant.e.s communistes. Aujourd’hui nous luttons activement contre la sélection en nous mobilisant chaque année contre Parcoursup et contre Trouver mon master. Aussi, durant la crise sanitaire, l’UEC a su développer des gestes de solidarité concrète et a lutté contre la fermeture des facs et j’ai pris part pleinement à ces combats. 

Maintenant que la revendication historique de l’UEC de revenu étudiant est reprise largement, comment la faire aboutir ?

Le revenu étudiant parle aux étudiantes et étudiants. Nous le voyons à l’UEC quand nous allons sur les universités en discuter avec chacune et chacun ou avec la campagne présidentielle. Cet enthousiasme du monde étudiant pour cette allocation d’autonomie ne fait que renforcer l’idée qu’elle est nécessaire. Il est urgent de faire sortir les étudiantes et étudiants de la précarité et du salariat qui les empêchent de suivre correctement leurs études. 

Ce revenu, cela fait des décennies que l’UEC le demande et nous n’arrêterons pas de le demander tant que nous n’aurons pas obtenu satisfaction, il en va du bien-être des étudiantes et des étudiants. Par conséquent, en plus de l’abandon définitif de la plateforme Trouver mon master, nous demandons la mise en place du revenu étudiant dès la rentrée. 

Quel regard portes-tu sur les deux dernières années dans l’enseignement supérieur marquées par les confinements et la précarité ?

Un regard très critique, c’est certain. Ces confinements ont été dévastateurs pour les étudiantes et étudiants. Trop se sont retrouvés complètement isolés face à leur situation précaire. Les conséquences ont été énormes, tant dans le suivi des cours que dans la précarité économique et sociale qui a perduré depuis. 

Ce n’est pas acceptable que des étudiantes ou étudiants se soient retrouvé.e.s confiné.e.s seul.e.s dans 9 m 2 sans ressource et laissé dans une détresse psychologique extrême. Certain.e.s sont même allé.e.s jusqu’à mettre fin à leurs jours. C’est un drame dans lequel le gouvernement silencieux a sa part de responsabilité. 

Au fil du temps, une grande solidarité s’est mise en place à l’initiative d’organisations qui ont tenté de pallier le manquement du gouvernement. De nombreuses associations d’aide alimentaire ont vu leurs files d’attente s’allonger. L’UEC a aussi pris part dans la mise en place de cette solidarité à travers des distributions alimentaires. 

La morale de tout ça reste que le gouvernement est incapable et refuse de voir la situation d’urgence qui subsiste dans l’enseignement supérieur et la recherche. Nous n’obtiendrons des victoires qu’en les arrachant à cette politique ultra libérale. 

Quelles vont-être les principales batailles de l’UEC à la rentrée étudiante ?

La bataille générale est celle contre la libéralisation de l’université. De plus en plus d’universités subissent des fusions et l’autonomie des établissements grandit. Les conséquences, nous les subissons déjà : manque de personnel, des conditions d’emploi qui se dégradent pour les enseignant.e.s chercheurs et chercheuses, méritocratie ou encore l’intensification de la sélection. 

C’est pour cela que dès la rentrée nous serons là, tract en main, prêtes et prêts à lutter contre la mise en place de la plateforme Trouver mon master. 

Comme toujours, nous demandons la mise en place d’un revenu étudiant pour lutter contre la précarité et mettrons en place des actions de solidarités tout au long de l’année. 

Enfin, nous avons décidé de mettre en avant la question du logement étudiant. Il n’est pas tolérable que des étudiantes et étudiants se retrouvent à vivre avec des cafards et des moisissures ou se retrouvent obligés de se tourner vers le parc privé pour trouver un logement décent. 

Vous préparez un bal du 13 et 14 juillet. Peux-tu expliquer cet événement ?

Le bal de l’UEC est un événement festif où chacune et chacun est invité à partager un moment festif et politique. À travers ce bal, nous voulons réellement faire passer un message politique d’une manière différente du reste de l’année. Certes nous allons parler de l’ESR, mais nous ouvrons aussi nos thématiques aux questions d’accès aux loisirs et à la culture. Ce sont deux sujets qui me tiennent particulièrement à cœur. D’une part parce que ce sont mes études. D’autre part, ces deux thèmes sont souvent éclipsés, car jugés non-essentiels et pourtant… Les loisirs sont des espaces de respiration et les plus précaires ne peuvent se permettre ces temps de pause, faute de moyens et de temps. 

Il y a aussi un aspect historique dans ce bal. En effet, il existe depuis 1945 et les deux seules années où il n’a pu avoir lieu sont les années COVID. 

Pour cette année de reprise, on ne devrait pas s’ennuyer. Vous pourrez retrouver les deux jours, un débat, une scène ouverte, un concert rap ou musique française et enfin un DJ set. Sur les deux jours, il y aura aussi un village associatif et un bar/snack. La nouveauté de l’année est un atelier d’écriture de rap. 


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