Sélectionner pour mieux régner ?
Une semaine après la publication des premiers résultats, Parcoursup ne semble pas avoir gagné davantage de crédit dans l’opinion publique ; en tout cas pas du côté des bachelier·e·s et de leurs familles. Des centaines de milliers de jeunes attendent encore une réponse positive pour entrer dans le supérieur, une situation intenable et explosive menant logiquement à des stratégies d’orientation improvisées… Dans les années à venir, n’ayons pas la mémoire courte : Macron devra rester politiquement comptable de la rentrée 2018 et du sacrifice de toute une génération !
Dans le même temps, et malgré la volonté du gouvernement de les camoufler, les critères de sélection utilisés localement par les universités apparaissent au grand jour. Un seul adjectif suffit à les qualifier : arbitraires. Ainsi les notes de terminale sont souvent déterminantes, alors même que les méthodes de notation diffèrent profondément d’un établissement à un autre. Le type de lycée, son implantation géographique et son pourcentage de réussite au Bac sont également utilisés pour départager les candidat·e·s. Enfin le tirage au sort, pourtant si décrié par le gouvernement à l’été 2017, apparaît comme une méthode employée bien plus largement avec Parcoursup qu’avec APB. L’analyse des communistes était donc juste : en matière d’accès à l’enseignement supérieur, Macron n’a dénoncé les injustices que pour mieux les généraliser.
Et pourtant en politique, avoir raison et le démontrer ne suffit pas à avoir gain de cause. En l’occurrence, c’est le rapport de forces qui prime. Or Emmanuel Macron détient non seulement l’ensemble des leviers institutionnels au travers du gouvernement et du Parlement, mais bénéficie également de soutiens non négligeables dans la société française. La bourgeoisie appuie sans réserve toutes ses réformes, de même que, ne le nions pas, une part substantielle des couches intermédiaires et supérieures du salariat. A l’étiquette du « président des riches » brandie par ses opposant·e·s, Macron a répondu par celle du « président des cadres ». Le soutien de cette frange de la population lui est vital, quand bien même ses politiques ne vont aucunement améliorer leur sort. La division du salariat : voilà donc l’état de fait sans lequel Macron ne peut espérer poursuivre son ascension bien longtemps.
Rassembler le monde du travail dans toutes ses composantes, ce fut justement la volonté des communistes et de dizaines d’organisations progressistes, au travers de la Marée populaire du 26 mai dernier ! Inlassablement, ce travail d’alliance entre toutes les catégories sociales constituant le prolétariat doit se poursuivre. De bien des manières, les jeunes et étudiant·e·s communistes font quotidiennement leur part dans ce travail : ainsi chaque semaine d’ici au baccalauréat, des révisions solidaires sont organisées dans tout le pays, associant lycéen·ne·s, étudiant·e·s et parfois jeunes enseignant·e· s communistes. A la division et à la sélection, nous opposerons la réussite et la solidarité : c’est aussi cela, le MJCF.