Restons en mouvement
De la journée du 1er mai 2018, retenons avant tout la formidable énergie déployée dans les cortèges. Malgré l’enchaînement presque ininterrompu de défaites depuis dix ans, malgré les torrents de boue perpétuellement déversés dans les médias, malgré les menaces et violences policières, des dizaines de milliers de travailleur·se·s et de jeunes ont manifesté à travers tout le pays. Le funeste projet de Macron, à savoir rayer durablement de la carte le mouvement social est donc en proie à l’échec, en tout cas pour l’instant.
Constatons également avec soulagement que les étudiant·e·s sont toujours massivement au rendez-vous ! Macron aura tout tenté : menaces sur les examens, interventions systématiques des CRS, de compagnies privées de gardiennage dans les universités, fermetures administratives des établissements, manœuvres dangereuses dans les manifestations… Et pourtant les étudiant·e·s sont toujours là. Ils et elles poursuivent leur lutte avec confiance, de manière pacifique mais combative, sans céder un seul pouce de terrain, ni aux petits calculs politiciens ni aux intimidations minables du gouvernement. Nous pouvons en être fiers. Une force immense s’est levée. Elle porte en elle la détermination et le courage de celles et ceux qui savent que leur cause est juste. Face à cette tranquille fermeté du milieu étudiant, le gouvernement s’enferme logiquement dans la réponse violente. Pour ceux-là il est maintenant trop tard pour revenir en arrière : inlassablement, jusqu’au bout de son mandat, les étudiant·e·s reviendront demander des comptes au président et à ses ministres qui ont choisi de faire matraquer la jeunesse.
A ce stade le premier défi du mouvement, survivre aux vacances, est donc remporté. Un second défi l’attend à présent, d’ici la journée d’action du 22 mai : ne pas se perdre en chemin. Nos adversaires ne s’y sont pas trompés : de tribune en communiqué, la dénonciation des « ZAD universitaires » fait peu à peu son apparition. Il s’agit en fait, pour tous les partisans de la sélection, de pousser le mouvement social à régresser sous une forme antérieure de son développement, fouriériste ou saint-simoniste. En effet si au 19ème siècle, les courants du socialisme utopique appelaient à s’extraire de la société pour mettre en place des communautés idéales, depuis 150 ans le monde du travail s’est donné des objectifs autrement plus ambitieux : prendre le pouvoir et transformer l’ensemble de la société. Alors ne nous replions sur aucun « bastion », mais partons au contraire convaincre le plus grand nombre d’étudiant·e·s, contre la sélection et l’ensemble de la politique de Macron : notre adversaire est en mouvement, à nous de l’être davantage !