L’école attaquée

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L’école attaquée

Alors que nous nous apprêtions à commémorer les 3 ans de l’assassinat de Samuel Paty, l’impensable s’est produit. Une fois de plus, le terrorisme islamiste a frappé sur notre sol, et une fois de plus, c’est à l’école républicaine qu’il s’en est pris. 

Vendredi 13 octobre, à 11 h, Dominique Bernard, professeur de français au lycée Gambetta-Carnot d’Arras s’est fait assassiner par un terroriste. Il faut l’écrire pour le croire. 

Que dire, si ce n’est la sidération ? Que faire, si ce n’est rendre hommage, s’incliner devant la mémoire de cet homme qui a payé de sa vie pour protéger ses élèves et ses collègues. 

Et puis, peut-être, se demander : pourquoi est-ce si souvent l’école et ses professeurs qui sont pris pour cibles par les terroristes ? Parce que l’école publique est un symbole. Malgré les attaques dont elle fait les frais de la part des gouvernements libéraux, malgré les inégalités qu’elle contribue à creuser en raison de moyens insuffisants, elle incarne un idéal. 

Celui de l’émancipation par le savoir, l’accès aux sciences, à la citoyenneté, la construction d’individus libres de penser par eux-mêmes. En somme, le cauchemar des fanatiques religieux. Aussi critiqués soient les professeurs, aussi déconsidérés par les gouvernements, soit la figure de l’enseignant, ce terrible attentat nous rappelle qu’ils sont en première ligne dans la mission de l’école publique. 

Espérons qu’une fois passé les hommages et le deuil, les actes suivront. Car il ne s’agit pas de faire de nos enseignants des “héros” qui accepteraient de faire ce métier au péril de leur vie. Ce n’est pas leur rôle. Rendons-leur hommage réellement en leur donnant, enfin, tous les moyens d’exercer leurs métiers et d’accomplir leur mission d’émancipation. Les plans vigipirates pourront bien se succéder, les mesures de sécurité pourront toujours se renforcer devant les établissements, rien d’autre que l’éducation, dans toutes ses dimensions, ne pourra nous permettre de nous protéger contre le fanatisme. 

Il y a presque 80 ans, les communistes Paul Langevin et Henri Wallon présentaient leur plan pour l’école en ses termes :  “L’enseignement doit offrir à tous d’égales possibilités de développement, ouvrir à tous l’accès à la culture, se démocratiser moins par une sélection qui éloigne du peuple les plus doués que par une élévation continue du niveau culturel de l’ensemble de la nation”. Il est temps.


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