Vendredi 1ᵉʳ décembre, à l’aube, le bruit des explosions a de nouveau résonné sur Gaza, mettant fin à six jours de trêve militaire et humanitaire. L’accord négocié entre le Hamas et le gouvernement israélien avait permis la libération de 80 otages israéliens retenus par le Hamas, en échange de 240 prisonniers palestiniens.
Cette opération a positionné le Hamas comme un interlocuteur privilégié du conflit, et la libération des détenus palestiniens leur a permis de gagner en popularité en Cisjordanie occupée. Mais si le ratio de libération des otages du Hamas contre celle de prisonniers palestiniens paraît avantageux pour l’organisation terroriste, l’opération est surtout une réussite pour le gouvernement israélien. Ce dernier peut à présent reprendre ses opérations militaires, délivré d’une partie de la pression imposée par le nombre important d’otages retenus par le Hamas. Reste les 138 otages dont on ignore les conditions de détention, l’état de santé et dont le sort est plus qu’incertain.
L’accord a donc pris fin vendredi, après une nuit de négociations qui n’auraient pas abouti. L’armée israélienne a mené, en fin de semaine dernière, de nouvelles frappes meurtrières sur la bande de Gaza, où le bilan des victimes palestiniennes ne cesse de s’alourdir. Depuis la reprise des hostilités, plus de 240 gazaouis sont morts. Lundi, les opérations militaires israéliennes se sont étendues à l’ensemble de l’enclave, forçant des dizaines de milliers d’autres personnes à fuir dans des espaces de plus en plus concentrés, avec un besoin alarmant de nourriture, d’eau, d’abris et de sécurité.
Parmi les prisonniers palestiniens libérés par les autorités israéliennes, la plupart sont des enfants qui ont entre 14 et 18 ans. Au moins neuf d’entre eux étaient en détention administrative, sans inculpation ni jugement. Un système de détention illégal dénoncé par de nombreuses ONG de défense des droits humains. Il faut dire que, en Cisjordanie, l’arrestation et la détention administrative sont des possibilités constantes pour tout individu à partir de 14 ans.
Si cette trêve est un soulagement pour les jeunes prisonniers palestiniens libérés, ainsi que leurs familles, celle-ci laisse un arrière-goût amer lorsque l’on sait que, depuis le 7 octobre, les forces d’occupation mènent des campagnes d’arrestations massives en Cisjordanie occupée. Au total, ce sont plus de 3 000 Palestiniens qui ont été arrêtés depuis le 7 octobre. Parmi eux, plus de 200 enfants, une cinquantaine d’étudiants et 41 journalistes. Le nombre de prisonniers libérés dans le cadre de l’accord d’échange entre Israël et le Hamas paraît alors bien dérisoire.
Ajoutons à cela, les conditions de détention des prisonniers palestiniens, sujets quotidiennement à des violations de leurs droits fondamentaux, tortures et mauvais traitements. En moins d’un mois, six prisonniers palestiniens sont morts.
Nous l’affirmons, le gouvernement israélien comme le Hamas palestinien sont engagés dans un processus destructeur et cherchent à empêcher toute solution diplomatique et la paix. Cette trêve et sa rupture sont une preuve supplémentaire. Tant qu’un cessez-le-feu permanent et que des garanties de sécurité pour les deux peuples ne seront pas envisagés, et tant que les prisonniers politiques palestiniens ne seront pas libérés, aucune perspective de résolution pacifique du conflit ne verra le jour.