L’Arabie saoudite : nouvel acteur de la spéculation dans le monde du football

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L’Arabie saoudite : nouvel acteur de la spéculation dans le monde du football

Après l’organisation de la Coupe du Monde 2022 au Qatar, le Moyen-Orient est de retour sur le devant de la scène footballistique. En effet, l’Arabie saoudite cherche à développer son championnat national, en investissant massivement dans l’acquisition de talents internationaux… attirant ainsi l’attention des fans de football du monde entier. 

L’attractivité de l’Arabie saoudite pour les joueurs de football

Plusieurs facteurs contribuent à l’attractivité croissante de l’Arabie saoudite pour les footballeurs à l’échelle mondiale. Tout d’abord, les clubs du pays sont en mesure d’offrir des salaires excessivement élevés aux joueurs. Grâce à l’arrivée de capitaux en provenance de l’État, les clubs saoudiens peuvent proposer des contrats largement supérieurs à ceux des grandes équipes européennes.

Cette tentative de faire basculer le pôle d’attractivité du football, de l’Europe vers le Moyen-Orient, coûte 500 millions d’euros par an rien que pour payer le salaire des trois récentes superstars recrutées. Cristiano Ronaldo, Karim Benzema et Ngolo Kanté ont ainsi été répartis dans différents clubs de la Saudi Pro League.

La tendance à la multiplication des salaires XXL proposés aux joueurs les plus talentueux évoluant en Europe ne semble pas prête à ralentir. Les clubs ne lésinent pas sur les moyens tant leurs budgets paraissent illimités.

De plus, l’Arabie saoudite bénéficie d’un environnement fiscal avantageux pour les plus riches, avec des impôts sur le revenu extrêmement bas, voire inexistants. Une montagne de capital reste alors concentrée entre les mains des élites économiques, empêchant une redistribution des richesses qui permettrait d’investir dans la construction d’infrastructures, les programmes d’aides sociales, le développement durable…

Dans ce pays du Golfe, on estime le nombre total de pauvres à plus de six millions, sur un total d’environ vingt millions d’habitants. On note par ailleurs que beaucoup, parmi les classes “moyennes”, sont concernés par le déclassement social.

Des aspects positifs nuancés

La volonté de développer le football national a toutefois permis la construction massive d’infrastructures sportives. Des stades neufs et modernes ainsi que des académies de football de pointe, auparavant réservées aux populations des pays occidentaux, ont vu le jour en Arabie saoudite. Cela s’accompagne également d’opportunités pour les joueurs étrangers de partager leur expertise et d’aider au développement des talents saoudiens.

À l’inverse, tous les fans de football ne pourront pleinement profiter du développement du football dans ce pays du Moyen-Orient. Il leur faudra payer un abonnement supplémentaire de 30€ par mois à la chaîne privée qui possède les droits du championnat. Celui ou celle qui voudra acheter le maillot de son équipe préférée déboursera environ 90€, alors que son coût de production moyen est de 5 à 10€. Ce modèle ne fait qu’exclure un grand nombre de passionnés sur la base de critères économiques.

Devenu un véritable enjeu de soft power, le football est plus que jamais un outil géopolitique utilisé par les pays en voie de développement, afin de s’affirmer face aux pays occidentaux.

Si cette stratégie ne s’est pas encore montrée payante pour la Chine, les pays du Moyen-Orient s’érigent en symbole de ce phénomène. Un succès dû à la démesure totale des moyens mis en œuvre, et à la nouvelle accélération du phénomène de gestion ultra-capitaliste des clubs.

L’État se présente alors comme la maison mère de ces entreprises et souhaite aller encore plus loin. L’Arabie saoudite est en effet candidate à l’organisation de la Coupe du Monde 2030 et, si le pays est désigné organisateur, un désastre écologique similaire à celui de la Coupe du Monde au Qatar s’annonce inéluctable.


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