La réalité de la prostitution en France

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La réalité de la prostitution en France

On dénombre entre 30 et 44 000 prostituées en France. Le 13 avril 2016, a été adoptée une loi abolitionniste, 6 ans après son bilan semble mitigé. Aujourd’hui la question se pose : que faire de la prostitution ?

Selon l’étude Prostcost de 2015 menée par le Mouvement du Nid, le nombre de prostituées en France s’élevait alors à 37 000 personnes. Des chiffres que le gouvernement confirme, estimant entre 30 et 44 000 le nombre de prostituées dans notre pays actuellement, dont 85 % sont des femmes.

Depuis 2016, la France a choisi l’abolitionnisme avec une loi visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées. Cette loi a notamment aboli le délit de racolage qui pénalisait les prostituées. Elle a aussi mis en place la pénalisation de l’achat d’actes sexuels, et créé des stages de sensibilisation à titre de peine complémentaire pour les clients. Enfin, elle a créé les parcours de sortie pour les prostituées qui le souhaitent.

Sortir de la prostitution

Ces parcours comprennent une allocation de 330 euros par mois pendant 3 ans, un accompagnement socioprofessionnel et un titre de séjour de 6 mois renouvelable 3 fois. Une aide est aussi prévue pour accéder à un logement social ou un placement en foyer ainsi qu’un accompagnement sur le plan médical.

Selon le Mouvement du Nid, on décompte 790 parcours de sortie fin 2021 et 400 seraient en cours.

On constate que, dans les faits, l’application de la loi est insuffisante. L’allocation est largement en dessous du seuil de pauvreté, la loi n’est pas appliquée de manière égale sur tout le territoire et trop peu de clients sont pénalisés. L’Office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH) en dénombre 1500 par an.

Manque de moyens

Le rapport de 2020 sur la loi de 2016 met en lumière le fait que la loi fonctionne là où elle est appliquée, mais qu’elle manque de moyens dans son application. 

Le gouvernement va à reculons. Le budget alloué aux allocations, par exemple, a baissé. Amputé de 25 % entre 2017 et 2018, atteignant 2,12 millions, il est passé à 1,98 million en 2019. 

En 2017, une chargée de mission pour le Mouvement du Nid en Eure-et-Loir, parlait d’« un grave recul ». Le nombre de parcours de sortie et les démarches pour y accéder sont vivement critiqués par les associations abolitionnistes. En effet, ces démarches sont jugées trop nombreuses et peu accessibles, un dossier béton étant nécessaire pour voir sa demande aboutir. 

En 2021 pourtant, Élisabeth Moreno, alors ministre déléguée à l’Égalité entre les femmes et les hommes, répétait dans une interview donnée au Mouvement du Nid que « toutes les personnes prostituées qui le souhaitent doivent avoir accès à un parcours de sortie de la prostitution ». Les mots sont là, il ne manque plus que les actes.

Pas de modèle chez les voisins européens

Si la France a un bilan mitigé, comparer les pays voisins donne des réponses concrètes. L’Allemagne, que le personnel de Der Spiegel nommait déjà « le plus grand bordel de l’Europe » en 2013, montre que la dépénalisation a des effets plus que néfastes : hausse du nombre de prostituées ainsi que du trafic, des situations encore plus précaires, etc. 

La Suède, quant à elle, fait l’expérience que l’abolitionnisme est la voie à suivre. Avec une diminution du nombre de prostituées et une baisse du trafic, les trafiquants se tournent vers des pays aux législations plus ouvertes à eux comme l’Allemagne ou les Pays-Bas.

Contrairement à ce que certains veulent nous faire croire, il n’y a pas de doute quand on regarde les résultats, en étudiant les rapports des différentes politiques : l’abolitionnisme est la meilleure réponse pour améliorer les conditions des femmes et lutter contre l’exploitation sexuelle. En France, le problème, empêchant un bilan vraiment positif, est et reste le manque de moyens et de volonté politique dans l’application de la loi.

Phase 2 de la loi de 2016

C’est pourquoi les communistes se joignent aux associations abolitionnistes et demandent une phase 2 à la loi de 2016. Cette phase 2 comprend notamment une hausse de l’allocation (au niveau du RSA dès cette année). 

Constatant que, selon les chiffres du gouvernement, 93 % des prostituées sont étrangères, ils réclament la régularisation de tous et toutes les sans-papiers. Ils demandent de grandes campagnes de prévention à destination des clients, des prostituées et des professionnels en contact avec ce public. 

Pour une politique abolitionniste ambitieuse, est demandé un budget annuel de 240 millions pour un accompagnement global et inconditionnel de 4000 prostituées par an. Ainsi que de vrais moyens mis dans la lutte contre la prostitution des mineures qui sont, d’après les associations de protection de l’enfance, entre 6 et 10 000 en France, chiffre qui serait en constante augmentation.

À nous de réclamer que les actes suivent les belles paroles et que la France mette enfin les moyens et mène une réelle politique de lutte contre le système prostitutionnel, notre but à long terme étant l’abolition totale et mondiale de la prostitution.

« Les jours heureux c’est dire NON à la prostitution ! », disait Fabien Roussel lors d’un meeting à Bordeaux en février dernier.


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