La France a pris lundi la présidence de l’Union Européenne, et Macron la revêt du déguisement de la “souveraineté européenne”.
Macron fait le choix de maintenir la prise de poste de la France à la présidence de l’Union européenne, alors qu’elle s’achèvera plusieurs mois après l’élection présidentielle française. Une manœuvre politicienne dont il compte tirer profit durant la campagne.
Bien que le rôle de la présidence soit aujourd’hui plus technique que décisionnel, Emmanuel Macron devra se charger de faire avancer des dossiers laissés par ses prédécesseurs. Au-delà du seul rôle de médiateur, il pourra influencer les dossiers qui devront être traités en priorité ainsi qu’être force de proposition concernant les enjeux actuels.
Le mot d’ordre de Macron pour ce mandat est le même qu’en 2017 : “souveraineté européenne”. Cette expression est aussi fourre-tout qu’ambivalente, et se traduit souvent par un transfert de compétences des Etats vers l’UE. Deux sujets forment le cœur de ses annonces : la défense et les questions migratoires.
“Souveraineté européenne”
Concernant la “crise migratoire”, Macron, promettant une « Europe qui protège ses frontières », brandit une Europe forteresse, s’alignant de manière franche sur les politiques des gouvernements d’extrême droite à l’œuvre en Pologne et en Hongrie. Ces derniers bloquent encore des milliers de réfugiés laissés à eux-mêmes entre les frontières polonaises et biélorusses, en violation du droit international et des droits humains. Le nouveau président européen est même allé jusqu’à promettre l’aide de la police française pour bloquer les migrants aux frontières polonaises.
Sur la défense, la contradiction est totale entre une promesse de souveraineté d’un côté et de l’autre une allégeance totale à l’OTAN, et donc à l’impérialisme américain. La dépendance à l’OTAN entretenue et désirée par de nombreux pays de l’UE empêche de fait la réalisation d’une Europe de la défense promise par Macron.
Enfin, sur les questions économiques, un sommet sera organisé les 10 et 11 mars prochains, afin de « définir le nouveau modèle de croissance européen ». Les maîtres mots sont “investissements” et unification des marchés de capitaux dans une « Europe financière totalement intégrée ». En somme : une Europe au service du capital, et une plus grande liberté de marché au sein des pays de l’UE, au détriment de services publics déjà durement touchés par les crises économiques et sanitaires.