Ce mardi, des centaines de milliers d’Argentins ont pris la rue pour dénoncer la privatisation de l’Enseignement supérieur. Depuis l’arrivée au pouvoir de Javier Milei en décembre 2023, la politique austéritaire s’abat violemment sur les services publics.
Les universités publiques argentines sont reconnues pour la qualité de l’enseignement dispensé. Centre de transmission des savoirs, elles sont centrales dans la formation des futurs travailleurs et travailleuses argentins.
Ce réseau de 40 universités pour 2,2 millions d’étudiants dans le pays entre en contradiction avec les ambitions libérales du nouveau président. Avec 250 % d’inflation sur un an, les universités publiques se noient sous les factures et le budget 2024 voté n’est pas à la hauteur des besoins.
Au-delà de la stratégie de réduction des dépenses publiques, il s’agit aussi d’une ambition de casser ces lieux d’émancipations. Jugé comme des lieux “d’endoctrinement de gauche” par le président argentin, son intérêt est de réduire l’impact de l’ESR sur la politisation et l’émancipation par le savoir de la jeunesse. Avoir une main d’œuvre corvéable à merci est beaucoup plus attrayant que l’inverse dans un projet libéral.
Cette mobilisation est historique pour le pays, mais aussi à l’international. Depuis combien de temps, l’université française ne s’est pas mobilisée pour ses conditions ? Pourtant, en France aussi, la casse de l’université publique et de la recherche est en route.
Serions-nous endormis dans une forme de normalisation de la libéralisation de l’ESR ? Pourquoi, lorsque l’on a 1 million d’amputés à la recherche et la vie étudiante, sommes-nous si silencieux ?
Une partie de la réponse se trouve dans l’individualisation méthodique de chaque corps de l’enseignement supérieur et la recherche est une partie de la réponse. L’ensemble des réformes s’est insidieusement attaché à casser les liens qui pouvaient exister.
Ainsi, le rôle des syndicats professionnels et des organisations de jeunesse n’est pas à négliger dans cette ambition de reconstruction des liens. En effet, ils sont les seuls à avoir la possibilité de réunir en leur sein enseignants, chercheurs, étudiants et personnels et créer ainsi l’émulsion. La prise de conscience est l’étincelle nécessaire de la mobilisation.