Nous fêtons cette semaine le 119e anniversaire de la loi de séparation des Églises et de l’État. L’occasion de rappeler que notre République ne saurait se passer de son quatrième pilier, suivant avec évidence la liberté, l’égalité et la fraternité.
La laïcité se confond pleinement avec la nation française et son histoire, tant elle est le fruit de rapports de forces opposant le pouvoir politique au spirituel. Du XIIIe siècle et des querelles opposant le Pape Boniface VIII au roi Philippe le Bel à aujourd’hui, le rapport du politique au spirituel, puis de la République aux Églises fut marqué de diverses relations.
En 1905, l’Assemblée nationale adoptait cette loi, considérée par Jaurès — à raison — comme l’une des conquêtes majeures depuis la grande Révolution.
Liberté de conscience et de culte, séparation des Églises et de l’État, neutralité de ce dernier en matière religieuse, ce qui lui impose de ne reconnaître aucun culte et de n’en salarier aucun ; c’est avec ces principes fondamentaux que la France s’est dotée d’une laïcité faisant œuvre émancipatrice.
La laïcité, une œuvre émancipatrice à continuer
La laïcité est un combat. C’est en ce sens qu’il s’agit dès 1789 — pour la première frange républicaine — de « mettre fin à la monarchie de droit divin en affirmant que la souveraineté n’émane plus de Dieu, mais de la nation » comme le rappelait le groupe communiste, citoyen et républicain dans une proposition de loi constitutionnelle déposée au Sénat le 21 novembre 2022. Une proposition de loi visant à la consécration du deuxième article de la loi de 1905.
Si la laïcité a acquis une valeur constitutionnelle dès 1946 à la suite d’un amendement déposé par le député communiste Etienne Fajon, elle reste aujourd’hui inégalement appliquée sur le territoire, mettant à mal l’indivisibilité de la République. Il est de notoriété publique que l’Alsace-Moselle et la Guyane sont sous régimes dérogatoires, l’une n’étant plus sous autorité française en 1905, l’autre sous le coup d’une ordonnance royale de 1828.
Il s’agit donc de donner raison à Victor-Hugo lorsque celui-ci demandait à ce que « l’État reste chez lui et l’Église chez elle ».