En septembre 2023 aura lieu à Saint-Denis le coup d’envoi de la dixième édition de la Coupe du Monde de Rugby. Grande répétition générale avant les Jeux Olympiques de Paris qui auront lieu durant l’été 2024, elle sera un événement marquant de ce début d’année scolaire qui verra vingt nations s’affronter pour savoir qui succédera à l’Afrique du Sud, victorieuse pour la troisième fois en 2019 au Japon.
Second événement de ce type à avoir lieu en France après celle de 2007, elle amène quelques nouveautés. On y retrouve pour la première fois l’équipe de rugby du Chili qui fera figure de grand outsider dans la poule D, mais aussi des modifications de calendrier avec, par exemple, l’élargissement du nombre de jours de repos pour les joueurs dans le cadre d’une volonté de participer à leur bien-être dans un sport de contact extrêmement demandant physiquement.
Une coupe du monde à domicile pour les bleus
Si cette coupe du monde retient l’intérêt en France, c’est non seulement parce qu’elle a lieu à domicile, mais aussi car l’équipe de France de Rugby est sur une dynamique exceptionnelle. Elle a non seulement connu une série de quatorze victoires consécutives, record dans l’histoire de l’équipe de France, mais aussi un Six Nations extrêmement serré avec une seule et unique défaite contre l’équipe d’Irlande, gagnante du tournoi, après l’avoir largement dominé la saison dernière, avec un Grand Chelem à la clé.
Mais ce qui intéresse le plus ce sont les résultats de l’équipe contre les nations du sud, généralement favorites de la Coupe du Monde, les victoires se sont enchaînées contre les All Blacks de NouvelleZélande, avec la victoire la plus large de l’histoire contre les Néo-Zélandais en novembre 2021, contre les Springbok d’Afrique du Sud et contre les Wallabies d’Australie.
Porté par un Antoine Dupont stratosphérique, un Grégory Aldritt double champion d’Europe avec le Stade Rochelais et un Damian Penaud qui enchaîne les essais sous la tunique bleue, l’équipe de France est donc attendue au tournant et à toutes les cartes en mains pour ramener, potentiellement, une première coupe du monde à la nation tricolore. L’attente est d’autant plus forte quand on observe les résultats récents depuis le COVID des clubs français, les deux Coupes d’Europe trônant en France sans discontinuité depuis 2021.
Seul regret, l’équipe de France, cette année encore, ne jouera toujours pas dans le Sud-Ouest, son berceau natal et populaire, sur décision de la Fédération Française de Rugby.
Pour le reste, tout cela appartiendra à l’histoire lorsque le coup d’envoi du match France-Nouvelle Zélande sera donné sur les coups de 21h le vendredi 8 septembre 2023.
Un défi organisationnel
La Coupe du Monde est donc intéressante sur un plan sportif, mais elle l’est aussi sur l’axe organisationnel.
Elle est un défi pour la fédération de Rugby en elle-même, secouée par deux affaires importantes ces derniers mois. Celle de Bernard Laporte, ancien président, sélectionneur de la FFR et secrétaire d’État de François Fillon, jugé et condamné pour corruption suite à des accords de sponsoring illégaux avec Mohed Altrad, président du Montpellier Hérault Rugby et conseiller municipal de ladite ville, et celle de Mohammed Haouas, joueur de l’équipe de France jugé et condamné pour violences conjugales en mai dernier.
Si la fédération a su réagir puisque Bernard Laporte a démissionné puis a vu son poulain Alexandre Martinez être battu aux élections par Florian Grill, nouveau président de la FFR, et a communiqué sur le cas Haouas en annonçant la fin de sa carrière internationale avec l’EDF, cette coupe du monde reste un défi pour une organisation qui a dû changer des aspects structurants et certains de ses cadres dirigeants à quelques mois d’un événement et qui va, sans doute, définir l’axe de gouvernance de la FFR pour les prochaines années.
Quoi qu’il en soit, l’on peut se féliciter, avec l’arrivée de Florian Grill, du soutien de nombreux anciens joueurs comme Serge Blanco, légendaire arrière du XV de France et du grand Biarritz Olympique, ou encore Fabien Pelous, recordman du nombre de sélections en EDF et joueur au plus gros palmarès de l’histoire du rugby français.