Inventer l’après Parcoursup 

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Inventer l’après Parcoursup 

La phase de vœux de Parcoursup est ouverte depuis cette semaine ! Des centaines de milliers de jeunes de 17 ans vont devoir indiquer à la plateforme leurs souhaits d’orientation. Un algorithme sombre fera le reste. Fini les “Tu voudras faire quoi plus tard ?”, notre génération a bien intériorisé que notre avenir est déterminé par tout autre chose que notre volonté. Est-ce que la sélection est obligatoire ? Comment faire autrement ? 

Chaque année, des dizaines de milliers d’élèves, 85 000 l’an dernier, se retrouvent sans rien après le bac. Ils n’ont pas grandi dans le bon département, n’étaient pas dans le bon lycée ou n’avaient pas pris les bonnes options d’après l’algorithme. D’autres, encore plus nombreux, sont acceptés dans des filières qu’ils n’ont pourtant pas choisies. C’est une bêtise sans nom, tant pour les jeunes concernés que pour le pays. 

Mais quand on dénonce la sélection, comme on en a l’habitude dans ce journal, on nous répond souvent qu’il n’y a pas d’alternative. Pourtant, si. Parcoursup est avant tout une réponse au manque de place dans l’Enseignement Supérieur. Les gouvernements sous Sarkozy, Hollande ou Macron n’ont pas voulu construire des Universités, des écoles publiques et des IUT. Résultats, il n’y a plus de place. Alors, il faut trier, et tant qu’à faire, bloquer l’accès des études aux enfants d’ouvriers et d’employés. 

Rien n’est plus anticipable que la démographie ! Aujourd’hui, nous pouvons savoir combien de bacheliers vont vouloir faire des études dans 18 ans. Alors planifions. Nous pouvons aussi connaître les besoins du pays sur les prochaines années, et nous savons bien qu’ils sont nombreux ! Nos hôpitaux ont besoin de plus de personnels, nos écoles aussi, nos tribunaux aussi, nos collectivités locales aussi, nos commissariats aussi. Au-delà des services publics, nous avons besoin de plus d’industries dans le pays. C’est une évidence pour l’économie et l’écologie. Alors formons les jeunes plutôt que de les trier ! 

Définissons collectivement et démocratiquement les besoins en emploi, en formation, et ouvrons des places dans l’Enseignement Supérieur en conséquence. Il n’y a pas de fatalité, nous pouvons construire un système éducatif débarrassé de la sélection sociale. 


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