Interruption du procès des attentats de 2015, la crise sanitaire prend le pas

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Interruption du procès des attentats de 2015, la crise sanitaire prend le pas

Trois accusés sont positifs au Covid-19, ce qui a imposé la suspension du procès des attentats de 2015 en cours depuis deux mois. Nous revenons sur les dernières semaines et la portée du procès.

La crise sanitaire s’invite à la cour d’assises

La menace planait sur le procès depuis le début. La cour d’assises a beau être un espace particulier, marqué du sceau du serment de ceux qui y parlent, de la gravité des accusations qui y sont jugées et des peines qui peuvent être prononcées, la cour d’assises n’est pas hors du monde. 

Le monde est secoué par une pandémie — ce qui n’a échappé à personne —. Celle-ci a fini par rattraper la cour d’assises spéciale, trois accusés sont désormais positifs au Covid-19. Ali Riza Polat a été le premier à manifester des symptômes ayant nécessité une suspension de séance, un premier test négatif a permis une reprise, un second test positif a été suivi de deux autres entraînant la suspension du procès. 

Les conseils de parties civiles avaient commencé à plaider. On pourrait dire qu’il s’agit davantage d’un exercice de style que d’une étape nécessaire à la manifestation d’une vérité, même judiciaire. C’est toutefois l’occasion de rappeler l’horreur des actes commis cette sombre semaine de janvier 2015 et les souffrances engendrées. 

Ces dernières semaines, les changements de versions et les non-dits des accusés couplés à une certaine technicité des enquêtes qui ont permis à la juge d’instruction de bâtir son accusation ont pu conduire à oublier le sens de ce procès. 

Ce n’est pas une trace d’ADN sur la sangle d’un taser qui a conduit à la réunion de cette cour d’assises. Ce n’est pas non plus l’abondance de contacts téléphoniques entre l’accusé et Coulibaly. Ni la vente d’une voiture. Ni le transport d’un sac d’armes rouillées. Ce sont les assassinats de 17 personnes en quatre jours qui ont conduit à la réunion de cette cour d’assises spéciale.

Un procès déjà historique par les réactions suscitées

La cour d’assises n’est pas hors du monde. La lumière nouvelle mise sur Charlie Hebdo a servi de pseudo-justifications pour que des réactionnaires se déchaînent à nouveau contre la liberté. Ce déchaînement a pu prendre la forme la plus horrible qu’il soit, d’une violence absurde et aveugle, à travers l’attaque rue Nicolas Appert à Paris, la sordide décapitation de Samuel Paty dans les Yvelines ou encore l’horrible triple assassinat dans la cathédrale de Nice, pour ne citer que les attentats survenus sur le sol français. 

On a pu également assister à des manifestations contre le journal satirique ou plus récemment contre les propos tenus par le président de la République. En Iran, Macron est comparé à Satan, en Turquie le président Erdogan a appelé au boycott des produits français, en Malaisie un ancien ministre a même appelé au meurtre.

Le verdict est désormais suspendu aux états de santé des accusés et aux conditions sanitaires pour sa reprise.


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