À la veille d’un appel national et intersyndical à la mobilisation, nous faisons un retour pratique sur le principe de la grève. À l’heure où la jeunesse est précarisée, beaucoup n’osent pas exercer leur droit par méconnaissance ou par crainte des conséquences.
Comment faire grève ?
Déjà, qu’est-ce que la grève ? Il s’agit de la cessation collective du travail pour une/des revendication(s) professionnelle(s). Ces conditions primordiales garantissent sa légalité. Ces notions sont capitales, car elles garantissent la possibilité de négociation et de revendication. En France, le droit de grève est constitutionnalisé depuis 1946, ce qui permet à chacun de l’exercer sans risque de sanction.
Dans le secteur public, il est nécessaire de suivre un préavis posé par une organisation syndicale ou une intersyndicale, d’une durée limitée ou non. Le fonctionnaire doit prévenir son supérieur hiérarchique s’il décide d’exercer son droit. C’est également le cas, en général, pour les contractuels du service public, malgré un vide juridique sur cette question.
Contrairement au secteur public, les salariés du privé ne sont pas soumis à un préavis et n’ont pas besoin de prévenir leur employeur avant la grève. Il est cependant intéressant de signaler qu’aucune loi ne régit le droit de grève dans le secteur privé, mais seulement des arrêts de la Cour de cassation, obtenus par jurisprudence.
Se déclarer gréviste implique une suspension de contrat (sans le rompre), et de fait une suspension de salaire pendant la durée où le salarié est en grève. Cependant, il est important d’être vigilant : la réaction patronale et hiérarchique existe, surtout dans des cas où le salarié n’a pas beaucoup d’ancienneté ou est précarisé.
Rappel : il est strictement interdit de licencier ou de sanctionner un salarié en raison d’une grève. Seulement, encore faut-il prouver que l’on n’a pas fait de faute et que la hiérarchie est en tort, dans un cadre prud’homal par exemple.
Au sein des emplois précarisés, le rapport de force est possible !
Si le droit de grève est encadré et permet une protection relative des grévistes, les jeunes sont de moins en moins nombreux à l’exercer. En effet, dans une frange de la population précarisée, il est souvent difficile de perdre une journée de salaire. Aussi, la peur des conséquences, sur un renouvellement de contrat par exemple, empêche souvent l’exercice du droit de grève.
Ce sont aussi les nouveaux cadres d’emploi qui ne prévoient pas la grève. Dans le cadre de l’intérim, par exemple, l’employé peut faire grève, mais les conséquences sont beaucoup plus prononcées (fin de mission précoce), surtout s’il est seul. Plus les intérimaires grévistes sont nombreux, mieux ils sont protégés. Il est aussi important de signaler qu’en aucun cas une entreprise ne peut faire appel à des intérimaires pour remplacer des grévistes. Autre exemple, le statut d’autoentrepreneur type Uber ne garantit pas de protection sociale et établit une situation d’isolement des travailleurs. Pourtant, on peut évoquer les grèves Deliveroo qui ont porté leurs fruits, durant lesquelles les livreurs s’inscrivent sur les shifts sans les effectuer, garantissant une perte économique pour l’entreprise.
Alors que le droit de grève est remis en cause par les mutations du capitalisme, il est primordial de retenir plusieurs choses. Connaître ses droits garantit une protection dans l’exercice de la lutte. C’est par elle que l’on fait avancer ces premiers. Enfin, il ne faut jamais négliger la force du collectif et de l’organisation syndicale, garants des revendications et de la défense des salariés.