Fin de vie : pour ou contre la question n’est peut-être pas là

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Fin de vie : pour ou contre la question n’est peut-être pas là

Après la conclusion de la convention citoyenne sur la fin de vie, Emmanuel Macron a annoncé vouloir une nouvelle loi sur la fin de vie d’ici la fin de l’été 2023.  

Un sujet intime qui monte dans le débat public. Si nous pouvons être pour ou contre, la question ne s’arrête, et n’est peut-être, pas là. 

Le constat général est que l’hôpital public va mal et la crise sanitaire a mis au-devant de la scène une situation qui pourrissait depuis des dizaines d’années. 

Dans cette situation, le gouvernement qui fait fermer à tour de bras des lits faute de budget voudrait rajouter de nouvelles missions aux services publics de la santé ? 

D’autant plus que ce ne sont pas de « petites » missions. Il s’agit ici d’accompagner des personnes et leurs familles dans le parcours le plus intime qui soit. 

Beaucoup de « si » et de « il faudrait »

Du côté des soignant·e·s cela demande donc de la disponibilité mentale, physique et beaucoup d’énergie. Ces mêmes soignant·e·s qui subissent des conditions de travail délétères où les burn-out et les démissions fleurissent. Cela dans l’ignorance la plus totale du gouvernement qui ferme les yeux sur de nombreuses mobilisations du secteur. 

Du côté des services, nous aurions besoin d’en développer de nouveaux. Déjà, mettre en place des suivis psychologiques des patients et des familles afin de s’assurer qu’il s’agit d’une décision prise avec la plus grande clarté. Ensuite, ouvrir des lits qui manquent cruellement et embaucher du personnel de santé sans décharger ses nouveaux services sur les dos des étudiant·e·s en médecine. 

Cela fait beaucoup de « si » et de « il faudrait » alors même que nos services de soins palliatifs (services pour les personnes en fin de vie) n’ont pas les moyens humains et financiers de faire leur travail comme ils le voudraient. La première étape se situe peut-être ici. 

Le risque de donner cette nouvelle charge à l’hôpital public sans qu’il soit prêt est de laisser au capitalisme une porte grande ouverte à la création d’un marché très lucratif du suicide assisté. Si cela devait arriver, nos services de santé perdraient le contrôle d’un sujet intime et sensible qui mérite mieux que ça. 


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