Inondations, sécheresses : faut-il s’adapter ?
Les évènements climatiques extrêmes liés au changement climatique semblent s’accélérer et devenir plus violents, tels que l’annoncent les scientifiques depuis plusieurs années.
Après les inondations dans les Pas-de-Calais l’année dernière, ce sont la tempête Kirk et les inondations à Valence qui ont sinistré l’ouest de l’Europe ces derniers mois.
Ce changement climatique est dû aux émissions excessives de gaz à effet de serre, ne permettant plus le captage du carbone par les puits. Or, 75 % de ces émissions sont dues à la production d’énergie.
Aujourd’hui, la grande majorité des recherches liées à la lutte contre le changement climatique sont tournées vers les énergies renouvelables.
On observe une véritable course aux technologies qui profite, encore une fois, au capital.
De grandes multinationales, comme Iberdrola, profitent de ce nouveau marché juteux. L’entreprise espagnole est spécialisée dans la production, la distribution et la commercialisation d’électricité et de gaz. Elle a récemment acquis plusieurs sociétés françaises telles qu’Ailes Marines ou Aalto Power et remporté plusieurs appels d’offres comme celui du parc éolien offshore de Saint-Brieuc (22) ou celui de la centrale photovoltaïque flottante de Kurtzenhouse (67).
Ce travail de recherche pour produire une énergie décarbonée est nécessaire pour limiter le changement climatique. Il ne doit pas être dépendant de logiques financières.
Les recherches sur le nucléaire civil, par exemple, visent à améliorer les processus, les rendre plus sûrs, et réduire les déchets.
Ainsi, en 2010, le programme ASTRID avait pour objectif de développer un réacteur nucléaire basé sur le principe de la surgénération. Il devait permettre une indépendance énergétique, une réutilisation massive de certains résidus radioactifs et la diminution de la quantité d’uranium extrait. Le programme, pourtant encourageant sur le papier, est arrêté par le CEA (Commissariat à l’Énergie Atomique) et l’État en 2019. Deux arguments sont mis en avant : le coût trop élevé du programme et “prix de l’uranium durablement bas”. Ce second argument ne prend pas du tout en compte la raréfaction future de la ressource, alors même que ce problème était déjà prévisible. Les enjeux climatiques sont encore une fois relégués à l’arrière-plan, cachés derrière de faux prétextes financiers.
Des efforts toujours insuffisants
La réduction des émissions de gaz à effet de serre est loin d’être suffisante. L’ONU alerte sur la nécessité de protéger les personnes, les habitations, les entreprises, les moyens de subsistance, les infrastructures et les écosystèmes naturels face aux conséquences du changement climatique. Selon l’ONU, les sociétés humaines devront s’adapter pour devenir plus résilientes. Cette adaptation porte sur les effets actuels du changement climatique ainsi que sur ceux qui sont susceptibles de se produire.
Ainsi, une réflexion globale sur nos infrastructures sera nécessaire. Il est nécessaire d’installer des infrastructures de gestion de l’eau dans les zones inondables. Nos pratiques d’utilisation des terres doivent changer.
Là aussi, la recherche est un élément important. On peut notamment prendre l’exemple du développement de matières perméables pour les sols artificialisés remplaçant le béton et permettant l’infiltration de l’eau dans le sol.
Quel est le rôle de la coopération internationale ?
Dans ce contexte, la coopération internationale apparait comme centrale.
La Conférence des Nations Unies sur l’environnement qui se tient à Stockholm en 1972 est la première conférence mondiale qui fait de l’environnement une question majeure. En découle la Déclaration de Stockholm qui place les questions écologiques au rang des préoccupations internationales. Elle marque également le début d’un dialogue entre pays industrialisés et pays en développement concernant le lien qui existe entre la croissance économique, la pollution de l’indivis mondial (l’air, l’eau, les océans) et le bien-être des peuples dans le monde entier.
Par la suite, plusieurs réunions internationales ont eu lieu.
Le sommet de Rio, en 1992, pose des cadres juridiquement contraignants, sur plusieurs sujets, dont la diversité biologique et le changement climatique. En 2016, les Accords de Paris visent à limiter le changement climatique. Ils offrent aux pays développés la possibilité d’aider les pays en développement dans leurs efforts d’atténuation des changements climatiques et d’adaptation à ceux-ci tout en instaurant un cadre de suivi et de communication transparent des objectifs climatiques nationaux.
En novembre dernier, la COP29, qui s’est tenue à Bakou, à débouché sur un accord financier après 12 jours de discussions tendues : au moins 300 milliards de dollars de financements annuels pour venir en aide aux pays en développement qui sont le plus confrontés aux conséquences du changement climatique. Cependant, cet accord ne semble pas satisfaire les pays les plus vulnérables qui exigeaient beaucoup plus. À la fin de cette COP, António Guterres, le secrétaire général de l’ONU, exprime ses sentiments mitigés, espérant “un résultat plus ambitieux – tant sur le plan financier que sur celui de l’atténuation – pour relever le grand défi auquel nous sommes confrontés”.
Les conclusions de cette 29ᵉ conférence des parties sont à mettre en perspective avec l’actualité récente.
La réélection de Donald Trump remet en question la coopération internationale autour de l’enjeu climatique. En effet, Trump prépare la sortie des États-Unis des Accords de Paris, comme il l’avait fait lors de son premier mandat, alors même que les États-Unis représentent à eux seuls 20 % de la consommation mondiale de pétrole.
Parallèlement, on observe une montée du climatoscepticisme.
En octobre, l’Ademe a dévoilé son 25ᵉ baromètre sur les représentations sociales du changement climatique. 30 % des personnes interrogées considèrent que les évènements climatiques (canicules, tempêtes, inondations…) sont des phénomènes naturels, comme il y en a toujours eu. Cela représente une augmentation de 7 points par rapport à 2023 et de 12 points depuis 2020. 2 % nient toujours la réalité du changement climatique.
Ces chiffres interviennent dans un contexte de défiance vis-à-vis du monde scientifique. Un français sur deux pense qu’on ne peut pas faire confiance aux scientifiques pour dire la vérité.
Quelle place à l’Enseignement supérieur et à la recherche ?
Pourtant, la recherche et l’Enseignement Supérieurs sont des éléments centraux dans la lutte contre le changement climatique.
Notre société a besoin d’avoir des travailleurs formés, que ce soit aux métiers manuels ou intellectuels, et ce, dans tous les domaines.
Les besoins futurs doivent être prévus afin de permettre la planification de programmes de recherches adaptés aux problématiques auxquelles la société est confrontée. Des places doivent être ouvertes dans les formations concernées. Les moyens nécessaires doivent être alloués aux domaines concernés.
C’est ainsi que notre génération et les prochaines seront capables de répondre aux défis environnementaux et sociétaux qui se poseront à elles.
Dans ce contexte, il apparait essentiel d’avoir un service public de l’Enseignement Supérieur fort et non-soumis aux logiques capitalistes.
Tout cela ne peut pas aller sans une réindustrialisation. Avoir de l’ambition d’aboutir à une recherche et des innovations compétitives, comme le proclame l’Europe, n’a pas de sens sans applications industrielles et en laissant partir notre industrie à grands coups de délocalisations.