Entre exploits sportifs et luttes pour l’émancipation

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Entre exploits sportifs et luttes pour l’émancipation

1900 Les femmes aux JO à Paris

Photo (La joueuse de tennis britannique Charlotte Cooper, première championne olympique dans une épreuve individuelle, photographiée en 1900.)

C’est à Paris que les femmes participent pour la première fois aux JO. En 1900 a lieu la deuxième édition des Jeux olympiques modernes, et parmi les quelque 1 000 athlètes qui participent aux épreuves se trouvent 22 femmes. Le chemin vers l’égalité en la matière s’annonçait long, et c’est peu dire. Ce n’est qu’en 2012, aux JO de Londres, que des femmes concourent dans toutes les épreuves au programme. 

Un siècle plus tôt, elles ne pouvaient participer qu’à une poignée d’épreuves ; le tennis, le golf, la voile… Le fondateur Comité international olympique, Pierre de Coubertin, demeurait hostile à leur présence lors de l’évènement. 

Il aura fallu attendre 2007 pour que soit inscrit dans la charte olympique que la présence des femmes est obligatoire dans toutes les disciplines.  

1936 Jesse Owens défie Hitler aux JO de Berlin 

Photo (Jesse Owens au départ d’un sprint, à Berlin, JO de 1936.) et Jesse Owens photographié en 1936

En novembre 1922, Mussolini, après sa « marche sur Rome », prend le pouvoir. En moins de trois ans, l’Italie vit sous la dictature fasciste. Le 30 janvier 1933, en Allemagne, Adolf Hitler parvient à rassembler les groupes d’extrême droite pour devenir chancelier. En moins de quatre mois, l’Allemagne vit sous sa férule et sous sa politique anti-ouvrière et antisémite. Dans presque toute l’Europe, des gouvernements autoritaires et d’extrême-droite accèdent au pouvoir.

C’est dans ce contexte que sont organisés les Jeux olympiques de 1936, à Berlin. Le choix de la capitale allemande avait été fait en 1931, dans une tout autre situation. Des organisations juives, le mouvement ouvrier international et plusieurs associations démocratiques appelèrent à boycotter les Jeux du Reich. Il y eut bien une tentative d’organisation d’un contre évènement en Espagne, antifasciste et populaire, mais cette initiative est stoppée par le coup d’État de Franco.

Hitler se saisit des JO pour démontrer la prétendue “supériorité de la race aryenne”, selon la terminologie nazie, sur tous les aspects, dont le sport. Devant lui, Jesse Owens, athlète noir-américain, remporte quatre titres et bat les records.  v

1968 Les JO de 1968 symbolisent la lutte contre la ségrégation

Photo (Les sprinteurs américains Tommie Smith et John Carlos pieds nus sur le podium, baissant la tête en levant le poing avec un gant noir. Mexico, 1968.)

Cette année 1968 est, elle aussi, ponctuée d’événements politiques majeurs. En France évidemment, avec une gigantesque mobilisation ouvrière qui dura plusieurs mois, mais aussi dans le monde. La guerre étasunienne fait rage au Vietnam, Martin Luther King est assassiné, et la lutte contre la ségrégation raciale monte d’un ton au pays de l’Oncle sam. 

Du 12 au 27 octobre ont lieu les Jeux olympiques à Mexico. Les athlètes afro-américains, avec une large majorité de leurs compatriotes blancs, décident de ne pas boycotter l’événement, mais de s’en saisir pour se battre contre l’injustice et le racisme. Outre le port sur leurs vêtements d’un macaron portant l’inscription Olympic project for human rights (Projet olympique pour les droits humains), c’est l’image de Tommie Smith et John Carlos avec le poing levé sur le podium de la victoire qui a marqué l’histoire. 

1968 Première fois que la barre des 10 secondes est franchie au 100 m

Photo (Jim Hines franchit la ligne d’arrivée en premier lors de la finale du 100 mètres masculin, en passant la barre des 10 secondes le 14 octobre 1968 au stade olympique de Mexico)

La même année, c’est l’histoire de l’athlétisme qui est marquée. Un athlète passe pour la première fois en dessous de la barre des 10 secondes au sprint sur 100 mètres. Jim Hines est un coureur américain considéré pendant des décennies comme un roi de l’épreuve reine dans ce sport. Il remporte ainsi la médaille d’or, en un temps record de 9 s 95. 

Il faut attendre près de 10 ans pour qu’un athlète passe à nouveau sous cette barre des dix secondes, cette fois par un Cubain, Silvio Leonard.

1972 Le “Moineau de Minsk” marque l’histoire de la gymnastique

Photo (Olga Korbut en pleine épreuve)

Jusque-là inconnue, la gymnaste soviétique Olga Korbut devint une vedette au lendemain de ces Jeux olympiques de 1972. À seulement 17 ans, elle remporte deux médailles d’or, à la poutre et au sol. Mais c’est pour sa prestation aux barres asymétriques qu’elle marque l’histoire de la discipline. Devant un public médusé, elle se tient debout sur la partie haute des barres, puis fait un saut périlleux arrière et attrape de nouveau la barre avec ses mains. Une performance qui prit le nom de “saut Korbut” en son honneur.  

Quelques années plus tard, cet élément est interdit par une modification des règlementations officielles. Avoir les pieds sur la barre transversale nuirait au rythme et au tempo de la performance. Nombreux sont ceux qui estiment pourtant que cette figure est interdite en raison du danger qu’implique son exécution.

Par ses performances, sa personnalité et son audace, elle continue de marquer durablement l’histoire de la discipline, la mémoire de l’Union soviétique et du monde entier. 

1976 Boycott contre l’Apartheid 

Depuis 1913, les colons qui règnent en Afrique du Sud mettent en place un traité de séparation entre les personnes noires et blanches. Cette politique mène à l’Apartheid en 1948, mis en place par le Parti national d’Afrique du Sud, un parti conservateur aux revendications ethniques et racistes.

L’Apartheid, qui signifie « séparation », est un régime de ségrégation, rendant institutionnelle et systématique la stigmatisation des personnes noires dans le pays. Si la situation est déjà catastrophique pour les noirs d’Afrique du Sud depuis 1913, l’instauration de l’Apartheid interdit toute forme de lien entre les êtres humains selon leur couleur de peau. Plusieurs millions de Sud-africains noirs sont déplacés dans des bidonvilles.

C’est dans ce contexte que, quelques jours à peine avant l’ouverture des jeux, alors que les délégations olympiques sont arrivées sur place, vingt-deux pays africains choisissent de se retirer. La lutte contre ce régime d’apartheid prend un caractère international, notamment à travers la figure de Nelson Mandela, et de nombreux pays du continent africain se montrent solidaires. Les JO de Montréal n’y échappent pas. 

2012 : Un Français au sommet de l’athlétisme 

C’est aux JO de Londres que Renaud Lavillenie, perchiste de 25 ans, devient champion olympique. Il est le douzième Français à obtenir un titre olympique en athlétisme, et le premier depuis 1996. Par la même occasion, il devient détenteur du record olympique, avec une barre à 5,97 m. 

C’est au terme d’une finale forte en émotion que l’athlète arrive au sommet. Dans cette discipline où il faut faire preuve d’audace, le Français a su surprendre ses adversaires comme le public. 

Deux ans plus tard, il bat le record du monde en franchissant 6,16 m en salle, à Donetsk, en Ukraine, détrônant ainsi d’un centimètre le record du Soviétique Sergueï Bubka qui le détenait depuis vingt-et-un ans.


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