Enseignement supérieur, RN et Front populaire, projet contre projet

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Enseignement supérieur, RN et Front populaire, projet contre projet

La question étudiante n’a aucune section dédiée parmi les 22 mesures du Rassemblement national. Néanmoins, il se dessine en filigrane un projet raciste et de précarité pour les étudiantes et étudiants. Or, nous avons impérativement besoin de travailleurs et travailleuses formées si nous voulons assurer l’avenir du pays. Ce projet passe par la construction d’un Enseignement supérieur ouvert, accessible et de qualité. Où se situe le RN ?

Logement : RN au service des propriétaires, NFP au service des précaires

Le RN propose   la construction de 100 000 logements étudiants en 5 ans, ce qui représente 20 % du nombre total de constructions envisagées. C’est très loin d’être suffisant : le nombre de bacheliers augmente en continu depuis 1960 Idem pour le nombre d’inscrits dans l’enseignement supérieur. On manque déjà de logements ne serait-ce que pour loger tous les boursiers, puisqu’ils sont 700 000 à se partager quelque 360 000 logements étudiants. 

Parmi eux, on compte seulement 170 000 logements en CROUS, le reste se répartissant entre des entreprises privées (Nexity, Studéa…) et des logements type HLM dédiés aux étudiants par ces prestataires.

Le parti d’extrême droite propose également une garantie des loyers pour “protéger les propriétaires” (mesure 17). Un sens des priorités déconnecté de toute réalité.

Le Front Populaire se montre plus ambitieux. Il propose le double de constructions de logements et les veut “aux normes écologiques les plus ambitieuses” avec des chantiers lancés après les 100 premiers jours. L’aspect écologique est important : il garantit une faible consommation énergétique. Couplée aux baisses des factures prévues dans le programme, c’est une hausse nette du pouvoir d’achat qui se dessine.

La gauche propose également l’abrogation de la loi Kasbarian dite “loi anti-squat” qui favorise les expulsions pour loyers impayés.

Maintien du statu quo contre abrogation de la sélection et repas à 1 €

Rien dans le programme du RN ne dit qu’il reviendra sur Parcoursup. Cette absence interroge quand on sait l’impopularité de la plateforme, perçue comme injuste par 72 % des néo-bacheliers. Il en est de même pour les repas à 1 €, absents du programme alors que 20 % des étudiants ne mangent pas à leur faim.

Le Front Populaire est plus clair : Parcoursup sera abrogé et les repas à 1 € dans les CROUS instaurés dès cet été. L’idée est de permettre à chacune et chacun de faire des études supérieures, indépendamment de son milieu social d’origine et de ses moyens financiers.

Des miettes pour quelques salariés contre l’horizon d’un revenu étudiant

Pour ce qui est des moyens financiers pour les étudiants, le RN est en faveur d’un complément de revenu pour les étudiants salariés de nationalité française et détachés du foyer fiscal de leurs parents. Cette allocation s’élèverait à 200 euros, 300 pour les boursiers, et serait financée par une taxe exceptionnelle sur les superprofits des secteurs de l’énergie et des transports.

Or les étudiants salariés représentent moins de 50 % des étudiants, ils sont donc déjà minoritaires. En ajoutant les autres critères, on réduit de fait le nombre de personnes éligibles. Par ailleurs, et en cohérence avec le principe dit de “préférence nationale”, cette mesure est xénophobe et ne vise qu’à exacerber des divisions entre étudiants pour faire diversion sur le vrai problème : le salariat étudiant. On le sait, le salariat défavorise la réussite scolaire et universitaire, car chaque minute passée au travail est une minute en moins pour étudier. Cela augmente le risque de redoublement, donc allonge la durée des études, d’étudiants issus de la classe travailleuse et qui n’ont pas le luxe de pouvoir faire des longues études.

De l’autre côté, le revenu étudiant est absent du programme du Front populaire, mais des mesures analogues sont présentes dans les programmes de certains partis qui compose l’union. Le Parti communiste français est en faveur d’un revenu étudiant universel de 850 € mensuels, au moins financé par une nouvelle cotisation patronale de 5 € sur l’ensemble des salaires.

Voter, lutter et gagner

Le meilleur moyen immédiat d’améliorer nos conditions de vie et d’études est de voter pour le Front populaire. La gauche est la seule à proposer des mesures concrètes pour sortir cette partie de la jeunesse de la précarité, indépendamment de sa nationalité ou de son milieu social d’origine. 

Nous avons la possibilité, dès la rentrée, d’en finir avec la sélection, les loyers hors de prix et la faim. Nous avons la possibilité, en mettant la question du revenu étudiant à l’ordre du jour et en se mobilisant massivement, d’en finir avec le salariat étudiant. 

Il est possible de revenir principe de l’enseignement supérieur universel, dans la logique du projet de l’école républicaine. Le RN propose l’exact inverse. 


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