En Kanaky – Nouvelle-Calédonie l’injustice se poursuit pour Christian Tein et le peuple kanak

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En Kanaky – Nouvelle-Calédonie l’injustice se poursuit pour Christian Tein et le peuple kanak

Ce Mardi 08 Avril, la Cour de cassation rejetait le pourvoi de Christian Tein, incarcéré en détention provisoire à plus de 16 000 km de la Nouvelle-Calédonie depuis Juin 2024. 

Cette décision fait suite à une série de recours et pressions entre forces loyalistes et indépendantistes faisant de Christian Tein une figure cristallisant la crise traversant la Kanaky – Nouvelle-Calédonie depuis le projet de réforme du corps électoral. 

Christian Tein, figure centrale du mouvement indépendantiste

Christian Tein est une figure politique kanak, il est membre de l’exécutif de l’Union Calédonienne (UC), première force indépendantiste au sein du FLNKS. Christian Tein s’était illustré durant le mouvement social de l’année dernière par l’organisation du rapport de force face au gouvernement au travers de la constitution de la Cellule de Coordination des Actions de Terrain (CCAT). Durant des mois, la CCAT a réussi à rassembler des militants et syndicalistes de divers horizons au travers d’actions de blocage et manifestations particulièrement efficaces dans l’instauration d’un bras de fer avec l’Etat. 

Si cette contestation aura finalement abouti sur l’abandon du projet de réforme, elle aura également donné lieu à la mise en détention de plusieurs leaders indépendantistes en représailles. Accusés de « complicité de meurtre », « vol en bande organisée » ou encore de « destructions en bande organisée », les leaders de la CCAT se retrouvent ainsi transférés en Métropole avec des délais de détention provisoire qui ne cessent de s’allonger. Si les accusés continuent de nier les faits et que la CCAT n’a jamais appelé à une quelconque insurrection violente, ceux-ci se retrouvent dans l’impossibilité de quitter la Métropole et doivent attendre les conclusions d’une enquête qui patine. 

Cette décision est d’autant plus incompréhensible qu’elle omet totalement le contexte de la Kanaky – Nouvelle-Calédonie depuis 2024. Après une décision brisant les acquis des accords de Nouméa, le gouvernement français a décidé de se positionner en soutien total des forces loyalistes. Et cela, jusqu’à compter occasionnellement dans ses rangs des cadres loyalistes intransigeants tel que la controversée Présidente de l’Assemblée de la Province Sud, Sonia Backès. 

Deux poids, deux mesures entre loyalistes et indépendantistes

Pire, la répression qu’a connu la CCAT et les différents mouvements de contestation kanak contraste fortement avec l’indulgence des pouvoirs publics vis-à-vis des milices loyalistes s’étant constituées lors de la crise sans craindre aucune représaille. Depuis Mai 2024, les forces loyalistes n’auront d’ailleurs cessé de se radicaliser et d’aller toujours plus loin dans l’outrance. Ils ont traité Christian Tein et le FLNKS de « terroristes » et sont même allés jusqu’à attaquer le Ministère des Outre-Mer de Manuel Valls, jugé trop modéré… 

Le 43e congrès du FLNKS en Août 2024 aura été marqué par l’élection de Christian Tein comme Président du rassemblement, un titre qui n’avait pas été pourvu depuis 2001 et témoignant de sa popularité au sein de la base indépendantiste. Cette décision fait donc de lui une figure incontournable du dialogue devant être enclenché entre l’Etat et les différentes forces politiques de Kanaky – Nouvelle-Calédonie. 

L’État français fait fi d’un contexte politique complexe. Il est partie-prenante de la cause loyaliste à travers l’incarcération en Métropole de figures reconnues du camp indépendantiste sur la base de motifs flous et contestables. Le gouvernement ne donne que peu de gage dans sa volonté de renouer le dialogue avec le peuple kanak. 

Conscients de la situation, les parlementaires communistes se mobilisent depuis presque un an aux côtés des parlementaires de l’UC présents dans les groupes GDR et CRCE-K. 

Aujourd’hui plus que jamais, la paix en Kanaky – Nouvelle-Calédonie est précaire, elle ne pourra être pérennisée qu’à l’issue d’un long processus de décolonisation s’appuyant sur l’ensemble des acteurs politiques de l’île dont des figures indépendantistes comme Christian Tein. 


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