Au lendemain d’un épisode caniculaire, assorti d’une tempête à Deauville, d’orages de grêles, d’inondations et d’incendies, l’urgence climatique est manifeste. Les partis de gauche l’ont martelé pendant ces derniers mois de campagne, certains au moyen de slogans tels que « le dernier quinquennat pour agir ». L’accord de la NUPES visait à empêcher Emmanuel Macron de poursuivre sa politique de casse sociale et d’inaction climatique. Or, avec la réussite en demi-teinte de cette ambition et un barycentre politique bien à droite, du fait de l’entrée de 90 député-es du Rassemblement national au Palais Bourbon, il y a de quoi être inquiet.
La lutte contre le dérèglement climatique et la perte de biodiversité exige une politique de planification écologique qu’on ne peut attendre d’une majorité présidentielle conseillant seulement d’éteindre la clim. La ministre Amélie de Montchalin a connu la sanction des urnes dans la foulée, mais le message des législatives ne permet pas de renverser le rapport de forces.
Si les jeunes ont manifesté leur conscience aiguë du dérèglement climatique ces 5 dernières années, sans perspective politique, celle-ci confine à l’écoanxiété. Cette souffrance psychologique face aux risques environnementaux est symptomatique de la traduction de l’enjeu environnemental en question morale, touchant à l’éthique individuelle.
Alors que les jeunes sont particulièrement sensibles à cette question et qu’elles et ils déclaraient une intention de vote majoritaire pour les candidat-es de la NUPES, l’abstention des 18-24 ans est montée à 75 % au premier tour des législatives. Les raisons en sont multiples, mais on peut pointer l’hypothèse d’un abattement et d’une perte de confiance dans les institutions. Alors un débouché à l’écoanxiété peut être trouvé dans la désertion, comme dans le cas des étudiant-es de l’AgroParis Tech, dont le discours a tant fait parler. Cet acte de rébellion n’est malheureusement qu’une issue pour se sauver soi-même.
Repolitiser l’écologie
Il est urgent de (re) politiser la question climatique ! Face au péril climatique et social, des scientifiques sont posté-es devant le Palais Bourbon pour former les parlementaires. La Convention citoyenne pour le climat a été fructueuse, même si ses propositions n’ont pas été suivies d’effets. En alliant science et démocratie, l’urgence pourrait imposer un Pacte d’engagement pour l’humain et la planète, selon une même exigence transpartisane et républicaine de refondation du pays qu’en 1945. Bien sûr, la proposition d’un gouvernement d’union nationale qu’a faite le Président de la République ne le permettrait pas. Mais comme l’a dit Fabien Roussel, tout ne pourra pas se jouer dans l’hémicycle : il faut un mouvement social et écologique fort, structuré, pour infléchir et conquérir le droit à un avenir durable.
Ce mouvement doit dépasser les frontières, car en l’occurrence, l’écologie dans un seul pays ne semble pas un programme viable. C’est la question qui m’a été posée par un jeune lors d’un débat sur les présidentielles : « Vous pensez vraiment qu’on peut faire quelque chose pour l’écologie, juste à l’échelle de la France ? » La question environnementale entraîne toute la planète et requiert la fin de l’impérialisme et la mise en œuvre d’un multilatéralisme réel, renforcé. C’est ce qu’ont toujours prôné les communistes : l’internationalisme revêt désormais un caractère d’urgence. Par des campagnes internationales pour la paix et le climat, par la coopération et la solidarité internationale, nous devons agir.
La seule solution, c’est de relever la tête.