Mardi 9 avril, le Sénat a adopté un projet de loi visant à suspendre le droit de grève dans les transports en période de tensions, à savoir les départs en vacances et les grandes échéances nationales. Ce projet de loi est défendu au nom de la continuité du service public et… de la transition écologique ! Selon les parlementaires, les grèves dans les transports encouragent les usagers à utiliser leur voiture plutôt que le train. CQFD.
Un soutien hypocrite au service public
On ne peut se satisfaire des arguments invoqués par une droite qui se fiche de la qualité des services publics. Cette même droite a privatisé à tour de bras. Elle a coupé les subventions des écoles, des hôpitaux et des commissariats. Idem pour la transition écologique. Si les libéraux y tenaient vraiment, pourquoi dès lors délocaliser des industries qui tournent très bien en France pour réimporter les produits de cette industrie ?
La réalité, c’est que c’est la grève qu’ils détestent ; ce sont les travailleurs organisés en syndicats qu’ils honnissent. Et s’ils détestent à ce point la grève, c’est parce qu’elle montre qui sert réellement sur une chaîne de production, qui produit la richesse, qui fournit les services.
Pourquoi fait-on grève ?
Personne ne fait grève par amour de perdre des jours, des semaines, voire des mois de salaires. Personne ne fait grève par plaisir d’enquiquiner les usagers. Personne ne fait grève par fainéantise. Non. Si on fait grève, c’est pour préserver ou améliorer les conditions de travail. C’est pour préserver les conquêtes sociales, voire en gagner de nouvelles. Si on fait grève, c’est en dernier recours, parce que les négociations n’ont pas abouti.
En définitive, c’est donc le patron qui est responsable de la grève puisqu’aucune des propositions faites par les syndicats n’a été acceptée. Ainsi, faire trinquer les salariés pour les errements du patron est parfaitement injuste.
Ce que tout un chacun doit aux “preneurs d’otages de la CGT”
La droite et le patronat sont culottés de mettre l’accent sur l’inconfort modéré de la grève des travailleurs organisés quand on sait ce qu’elle a apporté à l’ensemble de la société. Sans grève, pas de congés payés, pas de 35 heures, pas de conventions collectives. Sans un mouvement de masse initié par les travailleurs en grève, les fascistes auraient pu prendre le pouvoir dès février 1934 en France.
Par la grève, les dockers marseillais ont empêché des livraisons d’armes à l’Arabie Saoudite qui bombarde le Yémen. Défendre le droit de grève est donc une absolue nécessité. Ce droit est essentiel pour la défense des conquêtes actuelles et les victoires futures. Nous avons besoin de cet outil pour faire valoir nos droits et des syndicats de classe pour organiser ces actions.
En effet, cette attaque contre les travailleurs des transports n’est qu’une étape. Le rêve ultime du patronat, c’est l’interdiction pure et simple du droit de grève et des syndicats. Cela ne peut mener qu’à des détériorations sans précédent de nos conditions de vie. Nous nous devons donc de défendre coûte que coûte ce droit si précieux et les organisations syndicales.
Le groupe communiste en opposition
Si le texte fut adopté à une majorité, les Sénateurs communistes s’y sont montré vertement opposés. Pierre Baros, Sénateur du 95, a rappelé dans la chambre que “notre pays connaît un contexte de répression syndicale inédit, et que plus de mille militants syndicaux sont poursuivis devant les tribunaux”.
Au-delà du texte en lui-même, c’est la logique même de ces discussions qui est remise en cause par les élus communistes. Pour la droite sénatoriale, il semble plus facile de s’attaquer aux droits des travailleurs qu’aux vrais problèmes.
Ce sont des choix politiques qui ont saboté les transports du quotidien, pas les travailleurs en grève. D’ailleurs, que dire de la liquidation de nos grandes entreprises publiques, comme Fret SNCF, qui a favorisé le transport routier au détriment de la décarbonation du fret ?
