D’extrême droite, il passe l’arme à gauche : Jean-Marie Le Pen est mort.

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D’extrême droite, il passe l’arme à gauche : Jean-Marie Le Pen est mort.

Deux types de Marseillaises résonneront ce soir. L’une, en hommage à un authentique réactionnaire, par les nostalgiques de l’Algérie française et d’une nation fantasmée. L’autre, en sentiment républicain, devant le décès d’un de ses plus farouches adversaires.

Au terme d’une longévité au goût d’injustice, Jean-Marie Le Pen peut partir avec le sentiment du devoir accompli : la nation française fracturée, le projet républicain menacé, le racisme et les discriminations banalisés.

Principal dirigeant du Front national, Le Pen avait participé à sa fondation aux côtés du Waffen-SS Pierre Bousquet et du collaborateur François Brigneau. Au cours de presque 40 ans à la direction du parti d’extrême droite, l’ancien tortionnaire de la guerre d’Algérie avait multiplié les scandales, sur fond d’antisémitisme et de racisme. Il a progressivement été éloigné, dans les années 2010, de son parti, devenu le Rassemblement national, au profit d’une stratégie de communication plus subtile, bien que les idées soient restées les mêmes.

Ces idées ont un socle commun : la contestation de la promesse républicaine, l’égalité en droit des êtres humains. Avec toutes les conséquences que cela implique en termes de validation de la parole raciste, des crimes xénophobes, ou encore de l’impunité des violences sexistes et sexuelles.

Fervent défenseur de la colonisation française, Le Pen père avait fait ses armes en Algérie, où il s’était illustré en tortionnaire zélé.

On peut regretter que la justice du temps ait tant tardé à frapper. On peut aussi regretter qu’elle ait été bien seule, devant les crimes coloniaux dont Le Pen s’est rendu coupable.

Nous devons aussi regarder vers l’avenir. L’artiste s’en va, son œuvre persiste : le combat continue et n’a même jamais autant été d’actualité, alors que le Rassemblement national se rapproche de plus en plus dangereusement du pouvoir et que ses idées infusent ceux qui y sont déjà.

Mais ce soir, l’analyse à chaud que l’Avant-garde propose de retenir tient en deux mots : bon débarras.


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