Des élections à la décolonisation

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Dans un contexte très tendu, des élections municipales en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza étaient attendues en décembre.

Ce vote local et plus simple à organiser que les législatives revêt une grande importance pour la démocratie en Palestine. Le 22 mai dernier devait se tenir en Palestine, les premières élections législatives depuis 2006, mais devant l’impossibilité d’organiser correctement ce scrutin à Jérusalem-Est, l’Autorité palestinienne l’a reporté. Une décision qui cristallisa alors les tensions entre le Hamas et le Fatah, divisé en plusieurs tendances plus ou moins favorables au président Mahmoud Abbas. 

Pourtant, la tenue des élections municipales annoncée par l’Autorité palestinienne au mois de septembre est loin d’être certaine et pour cause, le Hamas, a par la voix de son porte-parole Hazem Qassem annoncé qu’il ne participerait pas à ce scrutin, arguant que celui-ci « tient du mépris à l’égard de la situation générale ». 

Afin de justifier ce boycott des municipales, Hazem Qassem a déclaré que son mouvement était « prêt à organiser des élections palestiniennes inclusives et simultanées ou avec un calendrier spécifique convenu au niveau national […] les élections inclusives comprennent les élections des deux conseils : les conseils national et législatif, la présidence, les conseils locaux et syndicaux et les syndicats étudiants ». Des revendications qui semblent être restées lettre morte, puisque Mahmoud Abbas, qui a fêté son 86e anniversaire, semble décidé à respecter cette échéance électorale.

On se dirige donc vers un scénario similaire à celui des élections municipales de 2017 lors desquelles le Hamas avait déjà boycotté le scrutin et de fait avait empêché la tenue d’un vote dans la bande de Gaza. Le seul gagnant de cette guerre des chefs, qui oppose le Fatah laïc et le parti islamiso-nationaliste d’Ismaël Haniyeh depuis plus d’une décennie et qui empêche la démocratie de s’installer durablement dans les territoires palestiniens, n’est autre qu’Israël. Cette crise politique qui touche la Palestine depuis une quinzaine d’années marginalise l’Autorité palestinienne. Israël tente ainsi continuer de se présenter comme la « seule démocratie du Proche-Orient ». L’absence d’un leadership fort en Palestine et d’un État n’a fait qu’accélérer la colonisation israélienne. 

En 2017 et en l’absence du Hamas, le Fatah était sorti grand vainqueur des élections municipales, remportant 1689 communaux contre seulement 77 pour l’Alliance démocratique, union de 5 partis communistes palestiniens à laquelle participait le Parti du Peuple palestinien. Aujourd’hui, et même si l’absence du Hamas se confirme, la domination du Fatah historique de Abbas n’est pas assurée. Une scission de l’organisation menée par Nasser al-Qidwa, neveu de feu Yasser Arafat soutenu par Marwan Barghouti semble de plus en plus populaire au sein de la population. 


Des villes solidaires et jumelées

En 1989, Montataire devenait la première ville française jumelée avec un camp de réfugiés palestinien, celui de Dheisheh situé non loin de Bethléem, selon les vœux du maire PCF Maurice Bambier et de son conseil municipal. Depuis, de nombreuses villes françaises ont suivi ce chemin et parmi elles plusieurs l’ont été sous l’impulsion de maires communistes : Aulnoye-Aymeries avec Beit Sahour, Aubervilliers avec Beit-Jala, Stains avec Alamadi ou encore Saint-Pierre-des-Corps avec Hébron. D’autres, comme Gennevilliers s’est jumelée avec Al Bireh, et ensemble elles ont signé des contrats de coopération ou de développement communs. Ces jumelages ont évidemment une valeur symbolique, mais pas uniquement, ils sont souvent l’occasion de légitimer l’État palestinien (toujours pas reconnu par la France) et de sensibiliser l’opinion autour de la colonisation subie par son peuple. En 2019, le trentenaire du jumelage de Montataire avait par ailleurs été l’occasion pour Jean-Pierre Bosino (PCF), maire actuel de la ville, de recevoir une délégation palestinienne et notamment de mettre en avant l’apartheid que vivent actuellement les Palestiniens.


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