La crise sanitaire a mis au premier plan une catégorie de population dont le travail essentiel est pourtant toujours déconsidéré et mal-rémunéré : les travailleuses.
Pour un emploi égal, à temps de travail égal et à diplôme égal une femme touche 10% de salaire en moins par rapport à un homme. Cet écart est ce qu’on appelle la “discrimination pure” c’est-à-dire que la seule raison pour laquelle il existe est le genre, c’est déjà un chiffre considérable et scandaleux en lui-même. Or ce n’est pas la réalité, lorsqu’on prend tous les hommes et toutes les femmes en activité, les hommes touchent en moyenne un salaire supérieur de 34% à celui des femmes. Si la discrimination salariale est si importante c’est qu’elle résulte de plusieurs processus de division du travail qui vont condamner les femmes à des conditions d’emplois dégradées comparée à leurs homologues masculins.
Une division de l’emploi qui commence tôt
Dès tout petit, les jouets vont être délimités entre “filles” et “garçons” ces jouets vont correspondre à des apprentissages qui vont devenir des qualités et des notions qui vont être utile dans la vie d’adulte comme “prendre soin de l’autre”,”cuisiner”,”défendre” etc. Les jouets et les clichés vont aussi structurer les goûts.
À l’école, ses clichés et idées préconçues ont aussi la vie dure dans les classes, et vont avoir de lourdes conséquences sur les choix de parcours. C’est ce qu’on appelle “l’orientation genrée” elle n’a pas de rapport avec les résultats scolaires, au contraire actuellement les filles ont de meilleurs résultats scolaires tant en français qu’en mathématiques. Dès le lycée la séparation entre filières dites “féminines” (lettres,services etc.) et “masculine” (sciences, techniques etc.) va s’opérer.
Cette division n’est pas en soi un problème, c’est la hiérarchisation des métiers qui le transforme en problème. Les métiers à prédominance féminine sont considérés comme “plus faciles” demandant des “savoirs être” qui serait “innés” comme le soi-disant “instinct maternel” là où les métiers “masculins” seraient eux physiquement difficiles ou dangereux et demandant des compétences “techniques”. Ces idées totalement fausses vont entraîner un premier écart de salaire.
Des conditions d’emploi différentes
L’une des différences majeures dans l’emploi a lieu dans le temps de travail : les femmes représentent 80% des personnes qui travaillent à temps partiel. Ces temps partiels sont majoritairement contraints, soit par la nature du travail soit par des obligations familiales.
Même lorsqu’elles occupent un emploi à temps plein, les femmes sont toujours astreintes à faire passer la vie du foyer avant leur emploi : aller chercher les enfants à l’école, s’occuper des courses etc. Ces heures de tâches ménagères obligent à quitter le travail plus tôt ou y arriver plus tard.
L’inégalité de répartition des tâches ménagères a des conséquences très concrètes, par exemple l’aménagement du temps de travail le plus fréquent pour les femmes est de ne pas travailler le mercredi, jour où les enfants n’ont pas école. Cette disponibilité contrainte pour le foyer va freiner l’évolution de carrière à laquelle s’ajoute l’auto-censure et le sexisme qui va condamner les femmes à une moindre évolution de carrière et de salaire dans le même temps. Il est donc impossible de ne pas lier lutte pour l’égalité professionnelle et lutte pour l’égalité dans la société.