Défendre la séparation des pouvoirs pour protéger la République

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Défendre la séparation des pouvoirs pour protéger la République

Depuis quelques jours, des hauts fonctionnaires, dont le directeur général de la Police nationale (DGPN), Frédéric Veaux, et le Préfet de police de Paris, Laurent Nuñez se sont permis des positions scandaleuses vis-à-vis d’une décision de justice concernant un policier.

Appelant à sa sortie de prison, le DGPN évoque, tel un passe-droit, de prétendues “garanties dont il bénéficie et qui le distinguent des malfaiteurs et des voyous”. 

Tout un programme. 

Sans tomber dans une forme de pathos, un policier est avant tout un citoyen, au même titre que les autres.  Avec les mêmes droits, mais aussi les mêmes devoirs. D’autant plus lorsqu’il exerce son métier, qui lui confère, par l’uniforme et ses missions, un lien direct entre les autres citoyens et l’État. Rappelons qu’en cas d’exactions, le port de l’uniforme n’est pas une circonstance atténuante, mais bien une circonstance aggravante.

Devant la justice, nul ne peut se soustraire à sa faute et au jugement d’un tribunal. Qu’importe son métier, que la personne soit policière ou ministre. En République française, on juge un citoyen. 

Les syndicats de la magistrature ont d’ailleurs réagi en abondant dans ce sens. Ils dénoncent des propos “gravissimes”. 

Gravissimes, ces propos le sont. Ils le sont d’autant plus quand le Président de la République et la Première ministre sont incapables de les condamner, et leur apportent donc, de manière implicite, un soutien. Encore plus grave est le silence de Gerald Darmanin, quand on sait, selon plusieurs sources, que le Ministère de l’Intérieur avait validé l’interview de Frédéric Veaux.

Face aux autres réactions condamnant fermement ces propos, le syndicat de police SGP-FO appelle à se mettre en arrêt maladie et à ne répondre qu’aux urgences vitales. Cette pression permanente de certains syndicats policiers dès qu’un fonctionnaire est mis en cause est insupportable.

Cette position est difficilement entendable, car elle remet en question l’État de droit, actant de fait qu’il y aurait  une supériorité de certains par rapport à d’autres.  L’unique réponse devrait être de laisser la justice suivre son cours. Un fonctionnaire n’a pas à s’immiscer dans des décisions de justice. 

Cette colère et cette défiance des policiers prennent aussi leurs sources dans leurs conditions de travail et de formation. La police est une institution de plus en plus éloignée des populations, et même de plus en plus en opposition à elles. Pourtant, cette fonction est essentielle à l’équilibre d’une société. Avec de tels propos, leurs auteurs aggravent encore ce fossé entre police et population.

Nous avons plus que jamais besoin d’une réforme profonde de l’institution policière, de formations plus longues et plus complètes pour les policiers et policières. Il en va de l’existence même de cette institution. 


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