Le 18 février dernier, Bruno Le Maire a annoncé 10 milliards d’euros de coupes budgétaires, dont 904 millions d’euros dans l’Enseignement supérieur et la recherche. Cette somme équivaut à une baisse de 3 % par rapport au budget initial de 2024.
Naturellement, cette casse du service public, passant par décret, ne fera l’objet d’aucun débat démocratique, au point qu’il n’a même pas été jugé nécessaire de consulter les élu.es de la majorité.
“L’État n’est pas une pompe à fric”
Entre proverbes libéraux, discours faussement responsable et annonces sensationnalistes, Bruno Le Maire a eu quelques difficultés à justifier ces choix budgétaires. Un an après une réforme des retraites d’une extrême violence, également prévue pour faire des économies, le procédé est particulièrement malhonnête.
Pompe à fric, l’État l’est, quand il renonce aux moyens, connus et reconnus pour faire entrer ledit fric : lutte contre l’évasion fiscale, participation accrue des plus riches à l’impôt, etc.
Pompe à fric, l’État l’est aussi, quand il s’agit de verser des aides aux entreprises capitalistes. Le PCF dénonce à ce sujet un montant de 160 milliards d’euros, dont 7,5 milliards de crédit impôts recherche.
Pompe à fric, l’État l’est enfin, quand le budget de la Défense est augmenté de 3,3 milliards d’euros entre 2023 et 2024, sans être impacté par les coupes budgétaires.
La recherche gravement ponctionnée
Alors, effectivement, il n’y a pas besoin d’être titulaire d’un doctorat pour tenir un fusil. Pour autant, la ficelle est grosse. La recherche française est déjà soumise à une précarité poussant à la compétition entre chercheurs, amplifiée et entérinée depuis la Loi de Programmation de la Recherche.
Les annonces de Bruno Le Maire viennent donc ajouter des restrictions à la restriction. D’après France Info, le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche a précisé que les économies effectuées consisteraient en “des reports de projets pluriannuels immobiliers, d’investissements ou d’équipements de recherche, et un ajustement sur les appels à projets”. Un ralentissement, donc, de la recherche française, dont le budget est déjà faible, en comparaison de l’Allemagne, du Royaume-Uni ou de la Belgique.
Ainsi que l’a observé l’Union des étudiants communistes dans un communiqué en réaction à ces annonces, ces économies correspondent donc à une impasse sur l’avenir.
Les conséquences concrètes sont à ce jour difficiles à évaluer, que ce soit en matière de résultats de recherche ou de conditions de travail des chercheurs. Quoi qu’il en soit, ce recul de la recherche publique ne pourra donner lieu qu’à un affaiblissement de nos progrès scientifiques sur le long terme.
Une vie étudiante toujours plus dégradée
Côté vie étudiante, le tableau n’est pas plus réjouissant. Ce sont 125 millions d’euros qui sont amputés, dans un contexte de tension et de précarité grandissantes.
Comme si cela ne suffisait pas, il a en plus fallu que la directrice du CNOUS, fraîchement nommée, annonce une augmentation du loyer des résidences universitaires.
Si nous ne connaissons pas encore le détail des économies ainsi réalisées, il est clair que les coupes budgétaires, dans un service public déjà sous-développé, ne peuvent signifier que la suffocation de certains services, pourtant nécessaires au développement et à l’épanouissement des étudiant.es.
Une annonce, donc, qui pèsera directement sur la population qui, dans son immense majorité, a besoin du service public et le finance par son travail.