Comment Clair Obscur : Expédition 33 a conquis le monde

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Comment Clair Obscur : Expédition 33 a conquis le monde

Le chiffre est tombé mardi : Clair Obscur : Expédition 33, RPG tour par tour made in France, a dépassé les 2 millions de ventes en moins de deux semaines, sur PC, Xbox et PS5. Les critiques sont dithyrambiques, les notes frôlent les sommets, et une adaptation au cinéma est déjà en préparation.

Mais comment le petit studio montpelliérain de 30 personnes, Sandfall Interactive, a-t-il réussi à créer un tel raz-de-marée ?

Beauté, émotion et stratégie : le charme singulier de Clair Obscur

Inspiré par les grands jeux de rôle japonais comme Final Fantasy ou Persona, Clair Obscur : Expédition 33 nous plonge dans un univers sombre, poétique et stylisé, situé quelque part entre la Belle Époque et un rêve fantastique. Les héros de cette étrange odyssée sont envoyés en mission pour éliminer la « Peintresse », une entité mystérieuse qui, chaque année, efface brutalement une génération entière de l’humanité.

Le voyage commence à Lumière, une version alternative et fantasmée de Paris. La patte française est omniprésente : des prénoms des personnages : Gustave, Maëlle, Lune… à leurs tenues personnalisables — marinières, bérets, et même une baguette de pain en guise d’accessoire — Clair Obscur revendique fièrement son identité culturelle.

Au fil de leur épopée, les membres de « l’Expédition 33 » traversent des paysages d’une beauté saisissante. Falaises flottantes, forêts embrumées ou ruines dorées : chaque environnement est un tableau vivant, sublimé par une direction artistique exceptionnelle. Le bestiaire, quant à lui, oscille entre créatures oniriques et abominations inquiétantes, renforçant cette sensation d’étrangeté et de merveilleux.

Mais c’est sans doute dans l’émotion que le jeu frappe le plus fort. Amour, perte, deuil, espoir… Clair Obscur ne craint pas les sujets sensibles, et les aborde avec une sincérité rare. Difficile de rester de marbre ou de ne pas lâcher une larme, et ce dès la première heure de jeu. La bande originale signée Lorien Testard amplifie cette intensité dramatique. Mélangeant cordes mélancoliques, envolées lyriques et silences pesants, la musique ne se contente pas d’accompagner : elle raconte.

Côté gameplay, le tour par tour est brillamment modernisé. Chaque affrontement est rythmé par des QTE (quick time events) permettant d’optimiser attaques, parades et esquives, rendant les combats dynamiques et immersifs. Un vrai coup de neuf pour un genre souvent perçu comme figé.

Enfin, le monde semi-ouvert regorge de quêtes secondaires intelligemment intégrées, et chaque membre de l’équipe possède ses propres capacités, enrichissant la composante tactique et favorisant l’attachement aux personnages.

David contre Goliath : un RPG français humilie l’industrie AAA

Le succès fulgurant de Clair Obscur sonne comme un véritable coup de massue pour l’industrie du jeu vidéo, en particulier pour les géants américains habitués aux blockbusters formatés. Derrière ce chef-d’œuvre : Sandfall Interactive, un petit studio indépendant basé à Montpellier, composé de seulement 30 personnes, et qui vient pourtant de faire vaciller les piliers de l’industrie.

Proposé à 50 euros, et même inclus dans le Game Pass sur Xbox et PC, Clair Obscur tranche radicalement avec les standards actuels : jeux vendus 80 à 90 euros, souvent inachevés, bourrés de microtransactions ou déguisés en « free-to-play » aux coûts cachés. Ici, pas de surenchère commerciale : uniquement un jeu complet, riche et profondément soigné.

Alors que le très attendu GTA VI ne sortira pas avant 2026, le trône du GOTY 2025 (jeu de l’année) est plus ouvert que jamais. Et sans surprise, Clair Obscur s’y installe déjà avec assurance.


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