La Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (CIIVISE) publie aujourd’hui un rapport édifiant visant à dévoiler « le coût du déni ». Si les conséquences des violences sexuelles sont souvent évoquées au travers de travaux scientifiques et médicaux, on s’intéresse peu à l’aspect économique du sujet. Les associations féministes avaient cependant chiffré à 1 milliard d’euros le budget nécessaire pour une lutte efficace contre les violences sexuelles et sexistes.
La violence a un coût
La CIIVISE ne s’est pas employée à déterminer le budget, mais bien à déterminer combien coûte les violences sexuelles sur les enfants et à la France. Et c’est près de 10 milliards d’euros qui sont dépensés chaque année en conséquence des actes d’inceste et de violences sur près de 160 000 enfants.
Le juge Edouard Durand, président de la Commission, entend via ce rapport provoquer « un électrochoc » dans la société, pour que les pouvoirs publics prennent la mesure de la déchéance dans laquelle la politique de protection de l’enfance se trouve. Cette estimation comprend 70% de coûts indirects. Ce sont notamment des longues hospitalisations pour des enfants qui ont des séquelles physiques et psychologiques, mais aussi l’ensemble des soins, des actions sociales et judiciaires à destination des petites victimes.
Des conséquences tout au long de la vie
Mais ce sont aussi des dépenses dans un plus long terme. Les violences sexuelles commises sur des personnes dont le cerveau est encore en construction entraîne des répercussions qui perturbe l’adulte de demain. Consommation de médicaments, toxicomanie et addictions, traitement des syndromes post-traumatiques et des douleurs physiques chroniques, les aides sociales et handicap résultant d’une incapacité à travailler : ce sont tous ces éléments qu’il faut considérer dans les dépenses liées aux violences. Le juge Durand rappelle également que 5,5 millions de personnes ont été victimes de violences sexuelles en France.
Agir et mettre les moyens
Quelles solutions ? Il est primordial de permettre des cours d’éducation à la vie affective et sexuelle. La libération de la parole des enfants ne se fait que s’ils et elles ont conscience que leur corps leur appartient, que leur consentement prévaut sur tout et qu’un adulte ne peut pas les forcer à quoi que ce soit parce que c’est un adulte.
Par ailleurs, la CIIVISE demande la mise en place d’un réel parcours de soins spécialisé en psychotraumatisme pour pallier les séquelles sur le long terme. Ce parcours serait financé par la Sécurité sociale, pour que la réparation des victimes soit une dépense collective. La CIIVISE rappelle dans son rapport que les conséquences et les coûts liés sont le fait de l’impunité des agresseurs.